Dégonflage ministériel
Cette semaine, les personnels médicaux font la grève. Les blouses blanches sont mécontentes, et je ne vais pas leur taper dessus, attendu que je dois beaucoup à deux doctoresses : l’une a sauvé mon œil gauche, l’autre m’a sauvé la vie. Carrément, comme on dit dans les cours de lycée.
Je crois savoir que les stéthoscopés ne veulent pas du projet de leur ministre, Parasol Pérenne, qui veut leur imposer le tiers-payant. En gros, cela consiste à faire payer les médecins par la Sécurité sociale ou les mutuelles, plutôt que directement par les patients à l’issue de leur consultation ; donc, à les payer à retardement. En outre, comme il faut bien informer l’organisme payeur de ce qu’il doit payer, cela impose aux toubibs du travail de secrétariat supplémentaire. Certes, Girasol Murène peut leur rétorquer que presque tous les médecins ont une secrétaire, qui n’est pas toujours terrassée par le travail : répondre au téléphone, prendre les rendez-vous, ce n’est pas écrasant, même si cela empiète un peu sur les séances de vernis à ongles ou le papotage avec les copines à propos du dernier numéro de « Closer » (voyez Catherine et Liliane au Petit Journal). Secrétaire, je connais, j’ai fait le secrétariat d’un groupe humain de cent quarante personnes, j’expédiais tout le travail pendant les heures de repas – oui, je mange très peu –, et le reste du temps, j’allais tailler une bavette avec les copains. J’ai connu un collègue qui, lui, entre deux lettres à taper, écrivait des romans de science-fiction.
Non, en fait, ce que le corps médical reproche à Doña Sol Néoprène, c’est sa lâcheté. Je sais, vous allez me dire qu’elle a une excuse, elle est ministre socialiste dans un régime où le boss n’est pas un foudre de guerre et rompt avec sa maîtresse en envoyant un message à l’Agence France-Presse. Mais quand même, elle a été au-dessous de tout (pas la maîtresse du boss, non, je parle de Tournesol Gangrène) : lisez plutôt, en page 1 du « Canard enchaîné » de cette semaine, le compte-rendu burlesque de son audition devant les journalistes. Elle n’a cessé de changer de sujet face à la question « Le tiers-payant sera-t-il obligatoire ? ». Les plumitifs n’ont pas réussi à lui arracher la moindre réponse, et elle a radoté trois ou quatre fois une dérobade exemplaire, dans le style « Le patient aura le droit de... ». Le patient et ses droits, certes, mais quid du DEVOIR du médecin ? Et, sommée de dire si on punira les récalcitrants, Entresol Polystyrène balance la réponse classique dans le charabia actuel : « Je ne suis pas dans une logique punitive ». On a reconnu les conseils fournis par un communicant, utiliser le plus possible l’expression être dans – je vous en ai déjà parlé, et cette nouvelle forme de galimatias n’est pas en voie d’extinction.
Conclusion pseudo-optimiste balbutiée par cette pauvre Sous-sol de Garenne : « Je suis sûre que si [le tiers-payant] est simple, les choses se feront tranquillement ». Et tranquilliser Puerta del Sol Migraine, c’est vraiment tout ce qui compte.