Fabrice Luchini, acteur

Publié le par Yves-André Samère

Plusieurs de mes connaissances admirent Fabrice Luchini, en lequel elles voient un grand acteur. Mais, en réalité, elles sont dupes des apparences. Tous les films que j’ai pu voir, Luchini étant en vedette, ont un point commun : on ne le distribue jamais que dans des rôles où il parle, il parle, il parle... ce qu’il fait sans arrêt dans la vie. Quant à jouer un grand rôle, je ne me souviens pas d’en avoir vu un seul, et dans ses six films avec Éric Rohmer, il n’avait que des rôles minuscules, sauf dans Perceval le Gallois, qui n’est pas néanmoins un grand personnage.

En fait, l’acteur Luchini se confond avec l’homme Luchini, qui le phagocyte, et on l’engage pour étaler ses défauts. Son égocentrisme, sa vanité sont incommensurables. Son dédain des autres en fait la terreur des animateurs de radio-télé : dès qu’il débarque dans un studio, on est certain qu’il coupera sans cesse la parole à tous les participants, pulvérisera le conducteur de l’émission (c’est le plan minuté de tout ce qui doit être mis au programme), et déploiera toute son ardeur à ridiculiser celui qui l’invite – qui ne l’invite QUE parce que Luchini, adoré du public, fait de l’audience. Il ne sait pas, le public, que Luchini n’est guère aimé de ses camarades acteurs, car il ne leur laisse aucune chance de montrer leur talent, par son ardeur à tirer la couverture à lui.

Alors, oui, sa culture... Cet ancien coiffeur semble avoir tout lu, mais surtout pour régurgiter les auteurs qu’il apprend par cœur et cite à tire-larigot, sans trop de nécessité, sinon celle de montrer combien LUI possède une tête bien pleine, contrairement à ceux qui ont l’honneur de l’approcher.

Je ne me déplace jamais pour voir un film dont Luchini serait la vedette principale. En réalité, je ne lui reconnais qu’une seule qualité, au demeurant très rare : sa diction impeccable. Il fait un sort à chaque syllabe, et débite on ne peut plus clairement ses dialogues. Or j’ai en horreur ces dialogues énoncés sur un ton étouffé, qui ne vous laissent entendre qu’un mot sur trois. Je crois que j’en ai fait la remarque à propos de cette série policière, Engrenages ; là, les acteurs mangeaient leurs répliques, et on avait du mal à les suivre.

Finalement, on aurait dû engager Luchini dans Engrenages, il se serait fait un plaisir de jouer tous les rôles !

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