François Morel et la moquette du patron
Je suppose que, ce vendredi 20 mars, vous avez écouté la chronique hebdomadaire de François Morel sur France Inter. Il y faisait mine d’approuver les rénovations que le nouveau président de Radio France, le sieur Mathieu Gallet, s’est permis de faire effectuer dans son bureau, pour la modique somme de 105 000 euros, avec notamment le remplacement de la moquette aubergine – que son prédécesseur Jean-Luc Hees avait fait poser en novembre 2013 – par une moquette grise, évidemment plus classieuse, alors qu’au même moment, on parle de supprimer des emplois dans le Palais-Gruyère, et que Gallet a sur les bras une grève qui dure depuis ce jour-là, vendredi 20 mars, donc.
Ce Gallet, auquel Morel affecte de ne pas jeter la pierre, est un petit foutriquet, qui ne connaissait RIEN à la radio avant d’être nommé (contrairement à Hees, que je n’aime pas non plus, mais qui était, lui, un authentique homme de radio), et dont l’élégance d’esprit s’est manifestée le jour où on lui a posé la question du renvoi dans ses foyers de ce pauvre Ivan Levaï, écarté parce que « trop vieux » : avec l’humanité qui fait que c’est à ça qu’on le reconnaît, il s’était contenté d’un lapidaire “That’s life” (en français, « C’est la vie »), dont j’espère que quelqu’un le ressortira le jour où lui-même sera viré. Ce que la plupart des auditeurs – et des salariés – de Radio France espèrent en brûlant un cierge. Il est vrai que la vie des autres, pour un en-haut-d’en-haut, comme on dit en Afrique, ça compte pour du beurre.
Donc, Morel a feint d’approuver son employeur tant qu’il parlait sur France Inter. Mais, sur une autre antenne, il a dit ce qu’il en pensait réellement. Vous pouvez comparer les deux versions en allant voir ICI. Rappelez-vous simplement que Morel est un humoriste, pas un polémiste. Et que, lorsqu’il donne le coup de grâce à un crétin, il le fait avec élégance.