Elisabeth Première sur France 2
Elle était plutôt bonne, hier soir, cette émission de Secrets d’Histoire sur France 2, avec son sujet concernant la reine Elisabeth Première d’Angleterre, la fille du sinistre Henry VIII. Cette émission m’a beaucoup appris, et le personnage était passionnant, si bien que la seule critique qu’on puisse en faire était que la reine était représentée sous tant d’aspects différents et avec tant d’interprètes ne se ressemblant pas du tout, qu’on était un peu perdu. Mais c’est vraiment une critique mineure.
En tout cas, cette émission a bien fait de se débarrasser de Franck Ferrand en le faisant émigrer sur France 3, où il a désormais sa propre émission, dans laquelle ce mannequin de vitrine, surtout historien pour Europe 1, échoue misérablement. Pourtant, on lui donne de gros moyens, et des sujets en or, mais rien à faire, c’est raté.
Ainsi, avant-hier, il s’attaquait à Jésus. Ne soyons pas naïfs, il s’agissait, comme presque toujours à la télévision, de profiter de l’actualité, puisque sortait aujourd’hui un film, Histoire de Judas, qui parle de ce sujet. Je ne crois pas à Jésus, dont l’existence est loin d’être prouvée, mais on peut s’intéresser à Lemuel Gulliver ou à John Silver le pirate, sans se soucier de leur inexistence ; et Jésus, authentique ou inventé, est avant tout un personnage. Or l’émission de Ferrand, contrairement à celle dont je parlais plus haut, ne m’a rien appris, pour cette raison qu’on y ressassait tous les clichés qui traînent partout sur Jésus, et ce, depuis des siècles. Franchement, j’en ai un peu assez d’entendre parler de Judas qui « trahit » son maître en échange de trente deniers, que plus tard il jettera dans un champ, et qui concrétise cette trahison en l’embrassant pour le désigner aux Romains venus l’arrêter. Comme si Jésus, que tout Jérusalem connaissait depuis son scandale au Temple, avait besoin d’être montré aux forces de l’ordre pour qu’elles le reconnaissent ! En fait, il y a pas mal de temps qu’on a remis en cause cette histoire de trahison – voir le roman de Gérald Messadié –, et plus personne ne croit sérieusement à cette fable. D’autant moins qu’on a retrouvé un texte, un peu hâtivement baptisé « Évangile de Judas », qui contredit cette légende, et semble authentique, au moins dans les faits rapportés, sinon par le nom de son auteur présumé.
Et cet autre cliché, de désigner obstinément Jésus comme « de Nazareth ». J’ai déjà expliqué en quoi il était impossible que la famille de Joseph, charpentier, se soit installée dans un village si petit que les écrits de l’époque ne le mentionnent nulle part. Un charpentier n’aurait jamais trouvé de travail dans un village, il ne pouvait exercer son métier que dans une ville, où se trouvent les seuls édifices assez importants pour nécessiter une charpente, et la plus probable, dans la région, était Capharnaüm.
Et puis, pour la millionnième fois, parler de « Marie-Madeleine », alors que ce nom n’apparaît pas une seule fois dans les évangiles, c’est un peu fort de café. Près de Jésus, les textes mentionnent plusieurs femmes prénommées Marie, car ce prénom (Myriam, en réalité) était ultra-répandu, dont la plus présente avait une maison à Magdala. Comment on passe du village de Magdala au prénom Marie-Madeleine, et d’une femme riche, pieuse et généreuse à une prostituée, il faudra qu’on m’explique.