Tout est petit

Je ne sais à quoi cela tient, mais on a l’impression que les Français se sentent perpétuellement coupables. De quoi, ne me demandez pas. Alors, ils passent leur temps à s’excuser, de tout et de rien, et d’abord, en minimisant le plaisir qu’ils prennent à goûter les bonnes choses de la vie. Pour cela, un instrument indispensable (les cons disent « incontournable ») : utiliser le plus souvent possible le mot petit. Normal, quand vous n’avez que de petits plaisirs, vous dérobez moins aux autres, et donc, votre culpabilité en diminue d’autant.

Ainsi, en France, on va en vacances dans de petits trous pas chers ; on boit, mais vous connaissez la chanson, « Boire un petit coup, c’est agréable » ; après un bon déjeuner, on s’offre un petit café, suivi éventuellement d’un petit armagnac ; entre deux repas, on prend un petit casse-croûte ; les étrangers qui visitent notre pays raffolent des petites femmes de Paris ; dans toutes les piscines, il y a le petit bassin pour les enfants ; sur les plages, les baigneuses ne portent que de petits bikinis (feu Richard Anthony, mort avant-hier, l’a chanté) ; et naguère, la télévision avait son émission Bonne nuit les petits. Passons, il y en a trop, et ces remarques ont été faites depuis longtemps.

Ce matin sur France Inter, ce fut l’apothéose – une petite apothéose. La fille qui blablatait au micro devait donner le bulletin de la météo, et elle nous a révélé que, je ne sais plus dans quelle région, la température ne serait que de « deux petits degrés ». S’il vous plaît, ne me laissez pas dans l’ignorance, et apprenez-moi vite à quoi ressemble un petit degré.

Ah, si on avait eu deux GROS degrés, tout aurait changé...

(Un autre jour, je vous montrerai le contraire : que les Français voient tout en grand)