Le professionnel et le plouc
Deux invités très différents, ce matin sur France Inter : un bon professionnel qui s’exprime calmement et clairement, et un plouc agressif qui s’en prend à tout le monde. Le premier, à huit heures moins dix, c’était Yann Barthès, qui produit et présente la meilleure émission de Canal Plus, le Petit Journal, bien meilleur à mon avis que le Grand Journal qui le précède, et qui venait répondre aux questions sur l’agression dont ses trois journalistes ont été victimes le 1er mai par les partisans du Front National (il en sera sans doute question dans l’émission de ce soir). Le second, c’était Emmanuel Todd, polémiste qui vient de commettre un pamphlet contre les manifestants pro-« Charlie-Hebdo » du 11 janvier dernier, dans lesquels il ne voit que des bornés anti-musulmans, quoique « sympas » [sic] – je simplifie un peu.
Si Barthès s’est contenté de rapporter courtoisement les évènements, en revanche, l’autre s’est comporté comme un sale type mal élevé, menaçant de quitter le studio si on lui coupait la parole – son intervieweur ne faisait que lui citer ses propres mots –, qui a commencé comme un mufle accompli en désignant Caroline Fourest comme « Machin Fourest », parce qu’elle est d’un avis différent du sien, et a conclu en estimant médiocre le sketch de Sophia Aram qui a suivi, alors que Sophia a été parfaite, comme souvent.
En toute honnêteté, je n’ai pas compris un mot de ses motivations, mais peu importe, je ne suis pas philosophe. En revanche, je me demande pourquoi le meneur de jeu d’une émission sur la radio publique n’expulse pas un invité grossier, agressif et incapable de s’exprimer clairement, dès lors que, de toute évidence, il ne vient que pour en découdre avec ses interlocuteurs et régler ses comptes personnels. Ce que deux auditeurs pris au téléphone lui ont fait remarquer avec un peu plus de subtilité.