Balayage au Grand Journal
Je savais depuis plusieurs semaines qu’au Grand Journal, il y aurait un grand coup de balai. Et que Natacha Polony partirait, comme elle le désirait, ainsi que Jean-Michel Aphatie. Là, c’est regrettable, car les deux sont intelligents et s’expriment parfaitement. Leurs opinions politiques respectives, je m’en fiche.
On avait aussi constaté, depuis le Festival de Cannes, que Jérôme Niel, qui faisait une parodie de speakerine, avait disparu. En fait, il ne passe plus que sur le site Internet de Canal Plus. Son très court sketch, en fin d’émission, a peut-être été jugé trop haché, dans le style du clip, et ses blagues ne devaient pas plaire à tout le monde. À moi, si, mais je ne représente rien, et surtout pas le public.
En revanche, on ne regrettera pas le départ de cette fille dont je n’ai jamais pu retenir le nom, ce qui me frustre beaucoup (elle se prénomme Mathilde, je crois), dont le sourire carnassier comporte au moins soixante-quatre dents, et qui estime pouvoir parler de musique, à grand coups de termes anglaisants, comme c’est l’usage dans ce milieu. Mais elle était aussi agaçante à regarder qu’à entendre, donc, bon vent.
Il y avait aussi Sébastien Thoen. Le malheureux a tout essayé pour tenter d’être drôle, mais, chaque fois, il a raté le coche. Pas doué (souvenez-vous de ses sketches, juché en haut d’un chariot élévateur, où il faisait mine de brosser l’éloge de l’invité !), on se demandait s’il faisait exprès de viser le bide.
Je souhaiterais pour ma part que ce clown qui se prend pour un chroniqueur littéraire, Augustin Trapenard, retourne à ses livres, mais chez lui, et que le duo Alison Wheeler-Poulpe cesse enfin de monter, une fois par semaine, un numéro chantant, truffé de tous les défauts et insuffisances des rappeurs, qu’ils parviennent à dépasser dans la nullité. Il paraît que ce style musical est censé s’appeler R’n’B, mélange de rap et de hip-hop, mais je soupçonne que ces trois lettres forment en fait le sigle de Rien à Battre. Ces deux-là, quand ils prétendent chanter, ne sont pas plus doués que les Guignols pour la composition musicale. Hélas, ils ne partent pas, mais on pourrait au moins les menacer des pires sévices s’ils s’obstinent à pousser la chansonnette, surtout s’ils l’écrivent. Pourquoi ne pas rappeler plutôt la divine Doria Tillier ?
Quant au présentateur Antoine de Caunes, on va sans doute lui coller dans les pattes un sous-fifre, Thomas Thouroude, terne mannequin de mode, aussi plat que les steppes de l’Asie Centrale, qui présente actuellement une nullité précédant le Grand Journal et finement baptisée Le Before, qui va puissamment contribuer à nous réveiller.
En fait, on sait que le véritable patron de l’émission, le réalisateur-producteur Renaud Le Van Kim, a l’intention de tirer le Grand Journal vers la formule qu’il adoptait durant le festival de Cannes : de la vedette en veux-tu en voilà, des applaudissements incessants, et un public qui hurle son enthousiasme, sans savoir pour quelle raison il devrait être enthousiaste, sinon l’ébahissement d’être là. L’intelligence va faire un grand bond en avant, et l’émission, dévaler toutes les marches qui conduisent au succès de bas de gamme.