Déboulonnons : Napoléon (1)

Publié le par Yves-André Samère

Au début de l’année dernière, je faisais remarquer ICI que nos édiles feraient bien de débaptiser certains lieux, auxquels on a donné le nom d’un personnage qui a déshonoré sa fonction et le pays. Et je visais Mitterrand, dont très peu de commentateurs, aujourd’hui encore, osent dire que c’était un vicieux et un menteur. Individu éminemment douteux – quoique aucun doute ne soit permis –, que le Sénat, sur demande d’un juge, avait d’ailleurs privé de son immunité parlementaire, le 25 novembre 1959, par 175 voix contre 27, pour dénonciation calomnieuse et pour avoir menti à la police et à la justice (à une époque où la peine de mort existait encore, il avait faussement accusé de tentative d’assassinat un homme qui avait été son complice dans un attentat simulé contre lui-même). Détails .

Je notais ainsi que la Ville de Paris n’avait jamais donné le nom de Napoléon à aucun de ses lieux publics (il y a bien une rue Bonaparte, où Sartre a vécu, dans les beaux quartiers, mais elle fait référence au général, pas à l’empereur auto-proclamé). En revanche, en Corse, on n’a pas autant de lucidité ou de scrupules, et je m’étonne que les Corses, qui ne sont pas a priori plus bêtes ou plus ignares que la moyenne, ne savent pas ce petit détail : Napoléon méprisait et haïssait la Corse ! Étonnement de votre part.

Vers ses neuf ans, Bonaparte a quitté son île natale pour aller faire ses études sur le continent (à cette date, il ne parle pas le français, et restera un élève très moyen, seulement bon en mathématiques), d’abord au séminaire d’Autun, puis à l’école militaire de Brienne, alors que, dans sa famille, il n’y avait jamais eu aucun soldat. Enfin, à l’École militaire supérieure de Paris à partir de quinze ans, dont il sortira un an plus tard, quarante-deuxième sur cinquante-huit. Parvenu au pouvoir, jamais il n’est retourné en Corse, jamais il n’a admis un Corse dans son entourage. Son père, Carlo, qui avait d’abord résisté contre l’achat de la Corse par la France, avait ensuite retourné sa veste quand la résistance avait perdu la lutte qu’elle menait sous le commandement de Paoli – voir la fin de l’article. Illico, Carlo se fait détester par toute la population (mai ou juin 1769). Napolione, c’est son vrai prénom, vient au monde le 15 août suivant, et laissera plus tard entendre qu’il n’est pas le fils de Carlo, mais du gouverneur français, le général-comte de Marbeuf, amant notoire de sa mère Laetitia – ce qui était manifestement faux, les dates ne coïncident pas.

Ses études achevées, nommé sous-lieutenant, il déteste la France, car il parle mal le français (on s’est beaucoup moqué de lui, durant ses études), il n’a ni argent ni relations. Il écrit, en marge d’un livre : « Féroces et lâches, les Français joignent aux vices des Germains ceux des Gaulois. C’est le peuple le plus hideux qui ait jamais existé ». D’où, en dépit de la trahison de son père, son ralliement à Paoli... qui le snobe et préfère l’envoyer à Paris. Du coup, il se déclare ennemi de Paoli, qui l’a qualifié de « fripouille » !

Gardant une rancune incurable envers Paoli et les Corses, Bonaparte écrira « Ce pays n’est pas pour nous ». Et le 24 février 1821, à Sainte-Hélène, peu de temps avant de mourir, il dira au maréchal Bertrand « La Corse n’est pour la France qu’un inconvénient, une verrue qu’elle a sur le visage. [...] Si on pouvait [...] enfoncer la Corse sous la mer, ce serait un bon débarras ».

Le véritable héros des Corses, c’est Pascal Paoli !

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