Kamikaze
Si vous me lisez de temps en temps – et comme vous avez raison ! –, vous avez dû remarquer que je manque rarement une occasion de me gausser des ignares qui massacrent le mot japonais kamikaze. À vrai dire, je ne connais que TROIS francophones qui le prononcent correctement : Frédéric Charles, journaliste suisse et correspondant à Tôkyô de Radio France et de la Radio Suisse Romande ; mon amie Aurore ; et, last but not least, votre serviteur, toujours très humble. Les autres veaux de Français pensent que leur E muet est universel, et que donc on dit « kamikaz ». Dans tous les autres pays, on emploie la bonne prononciation.
(Ben oui, c’est De Gaulle qui a dit « Les Français sont des veaux ». Et qui suis-je pour contredire un si grand homme ? Lui qui a inventé le référendum dit « deux questions une seule réponse » et l’expression devenue célèbre « Françaises, Français », par quoi il commençait tous ses sketches radio-télévisés)
Donc, le E muet n’existe dans aucune des langues que je connais. Pas en italien, pas en espagnol (là, il se dit é), pas en allemand ni en danois ni en suédois (il se dit eu comme dans « un peu »), pas en russe ni en arabe où, me semble-t-il, il brille par son absence, pas en anglais où il a plusieurs prononciations exotiques, le i compris, et pour le latin, bien malin qui le dira, vu que personne n’a jamais entendu un Romain parler dans cette langue. Je rigole, c’était sans doute é.
De ces réflexions, je tire une conclusion de pur bon sens : puisque, en français, le E ne se prononce pas, je suggère de ne jamais l’écrire. On pourrait, pour éviter des confusions (excellent ou excellente ?), le remplacer par une apostrophe. Je préviens l’Académie française, les chers immortels vont bondir de joie et sur l’occasion.
(Cette dernière expression, chers amis, c’est ce qu’on appelle un zeugma)