Le syndrome du mardi soir
Pas très malin, d’enregistrer une émission la veille de sa diffusion afin de partir en vacances un jour plus tôt. Résultat : le Petit Journal, où l’on ne s’était pas foulé pour l’émission d’hier soir enregistrée avant-hier jeudi (on a été jusqu’à fabriquer la séquence de Catherine et Liliane avec uniquement des sketches déjà vus), a expérimenté le syndrome du mardi soir fatal. Vous ne suivez pas ? J’explique.
« Le Canard enchaîné » paraît chaque mercredi matin, mais il est imprimé la veille à partir de midi, et des exemplaires sont destinés aux ministères, ainsi qu’aux autres journaux pour qu’ils puissent préparer leurs articles du lendemain. Or il arrive parfois que des hommes politiques en vue se permettent, ces trouble-fête, de mourir le mardi soir, si bien que « Le Canard » mis en vente le lendemain, s’il les a couverts de boue comme d’habitude, se retrouve dans la position peu enviable du repaire d’ignobles salopards. C’est arrivé au moins deux fois, avec Georges Pompidou et Robert Boulin. Il s’ensuit que le journal doit attendre une semaine avant de pouvoir se justifier. Fâcheux. Notez que De Gaulle, lui, a eu le tact de mourir un lundi ; il est vrai qu’il aimait bien « Le Volatile », comme il disait.
Donc, hier, le Petit Journal, enregistré la veille jeudi, ne contenait aucune allusion aux deux évènements tragiques de ce vendredi, la décapitation d’un malheureux patron par son employé, en France, et surtout, le massacre de trente-huit touristes sur une plage de Sousse, en Tunisie – pauvre Tunisie qu’à présent les touristes vont fuir en masse, alors qu’ils constituent la principale ressource. Bourde de l’équipe de Yann Barthès et de son patron, qui ne peut même plus rattraper le coup, puisque toutes les émissions s’arrêtent durant deux mois. Il va donc traîner ce boulet pendant huit semaines. Dur métier.
Par chance, les Français ont la mémoire courte.