Pasqua est mort. Champagne !
Ils me font bien marrer, ce matin, tous ces culs bénits ruisselants de lâcheté, avec leurs précautions oratoires pour commenter la mort de Charles Pasqua, défuncté hier à l’âge de quatre-vingt-huit ans. Alors comme ça, avoir été résistant à l’âge de quinze ans suffit à effacer toutes les saloperies qu’on a faites ensuite ? Rackets, détournements de fonds, pots de vins, dix affaires judiciaires sur les bras, au moins deux condamnations en justice (avec sursis, à cause de son âge avancé), tout cela, ce sont des bagatelles ? Son accent du midi et sa « truculence » montée partout en épingle en feraient vraiment un homme sympathique, dont on se borne à murmurer qu’il était controversé ? En fait, on le redoutait, car il gardait des dossiers sur tout le monde, y compris ses amis politiques.
Mais le plus grave, c’est le SAC. Pasqua avait fondé et co-présidé ce Service d’Action Civique, une bande de nervis à la dévotion des gaullistes, mais qui recrutait surtout des gangsters, lesquels ne reculaient pas devant les assassinats. Ce pour quoi il a fini par être dissous par Jospin, notamment pour avoir assassiné un enfant. J’ai eu beau tendre l’oreille ce matin, je n’ai pas entendu citer l’un de ses membres, que tout le monde surnommait « La Cuillère », parce qu’il avait la douce manie d’arracher l’œil de ses victimes en se servant de cet ustensile. Si moi je le savais, à plus forte raison, Pasqua le savait aussi ! Ce charmant détail a été mentionné dans le livre Aux ordres du SAC, par Serge Ferrand et Gilbert Lecavelier. Sur ce dernier, visionnez cet extrait publié par l’INA.
Que De Gaulle et Mitterrand, sachant tout cela, aient fait de Pasqua un ministre, en dit long sur leur sens moral.