Modestie
Il y a quelques jours, France Inter avait eu la bonne idée d’inviter Jean-Claude Carrière, l’un des esprits les plus brillants du pays, et lui l’est d’autant plus, brillant, qu’il parle simplement, sans jamais employer le moindre jargon. De sorte qu’en l’écoutant, on se sent intelligent (et pourtant...). Or, la conversation ayant été mise sur les scientifiques, Carrière a fait cette remarque qu’autrefois, ceux-ci se qualifiaient eux-mêmes de « savants », mais qu’aujourd’hui, ce terme est tombé en désuétude, et qu’on préfère parler de « chercheurs ».
Bonne initiative, même si De Gaulle avait un jour casé cette méchanceté pour faire de l’esprit : « Des chercheurs, on en trouve, mais des trouveurs, on en cherche ». Ouarf. En tout cas, il y avait quelque chose d’absurde et de terriblement prétentieux, chez ces messieurs, à s’appeler eux-mêmes savants, en désignant leur métier par une qualité morale (ou intellectuelle, si vous préférez). C’est comme si une vedette de cinéma, par exemple Sandrine Kiberlain, se présentait comme ravissante – ou lumineuse, puisque c’est ainsi qu’un zozo de critique l’a qualifiée récemment dans Le masque et la plume. Lui aussi est lumineux. Comme la Lune.
Dans le même ordre d’idées, je suis toujours éberlué d’entendre des types se définir comme philosophes, notamment cet individu qui adore les tartes. Un philosophe, c’est quelqu’un qui réfléchit, et donc, affirmer « Je suis un philosophe » équivaut à dire « Moi je pense, bande de nuls, et pas vous ! ».
Il y a vraiment des tartes méritées.