Qui est la taupe ?
Jamais je ne regarde les émissions dites de « téléréalité », mais il m’arrive de visionner les émissions qui débutent. C’est ainsi qu’hier soir, par curiosité mais exceptionnellement car je ne vais jamais sur M6, j’ai suivi Qui est la taupe ?, basée sur un concept un peu inattendu : dix candidats peuvent gagner de l’argent en participant à une série d’épreuves en Afrique du Sud (paysages magnifiques), mais l’un des dix est une sorte d’espion engagé par la production, et qui s’ingénie à les faire échouer pour qu’ils perdent leur argent, les sommes qui leur échappent tombant évidemment dans sa poche. Bien entendu, personne ne sait qui est la « taupe ». Et, à la fin de chaque émission, ils sont interrogés sur les hypothèses qu’ils ont formées à propos de son identité, le candidat qui a donné les moins bonnes réponses étant éliminé. Donc le public ne participe pas à ce processus d’écrémage... mais il participe au concours bidon habituel : répondre à une question basique en appelant M6, pour un coût assez élevé et par téléphone – histoire de faire un peu les poches des gogos via un tirage au sort.
Le principe de l’émission est à la fois ingénieux et très pervers, mais la réalisation est soignée. À ce détail près : on a remis à l’honneur (ou perpétué, je ne sais pas) ce truc consistant à faire faire des sauts brusques à la caméra, accompagnant ce mouvement d’un bruit de froissement destiné à les souligner, un truc purement technique qui, m’ayant beaucoup agacé il y a quelques années dans de nombreux reportages « choc », semblait être tombé en désuétude.
Et puis, ces déluges de clichés proférés par les candidats quand ils viennent se confier à la caméra ou quand ils s’expriment entre eux ! Outre cela, comment croire à la réalité de ce qu’on voit, lorsque, par exemple, une candidate décide d’aller fouiller clandestinement la chambre d’une voisine, qu’une caméra assiste à sa fouille, plongeant dans le sac à main de la cambriolée et faisant un gros plan sur le page de son carnet intime ? Tout ça est scénarisé dans les moindres détails.
Plus que jamais, la téléréalité est une imposture.