Des villes de papier
Savez-vous ce que sont les villes de papier ? Non, rien à voir avec des cloisons en papier, nous sommes déjà bien pourvus avec la remarquable qualité de nos HLM. En fait, il s’agit d’une ruse utilisée par les cartographes pour piéger les éventuels plagiaires qui copieraient les cartes officielles afin de revendre leurs copies. Une variante du droit d’auteur, en somme, en plus sournois. Cela consiste à faire figurer, sur les cartes, des lieux qui... n’existent pas ! Si on retrouve les mêmes lieux sur des cartes commerciales mais non officielles, cela signifie que ce sont des copies non autorisées.
Naturellement, ce piège a été inventé aux États-Unis – sous l’appellation paper towns –, et il peut aussi concerner d’autres pays, comme l’Allemagne ou le Danemark, et autre chose que des villes. Par exemple des rues imaginaires, introduites dans le plan d’une ville bien réelle. On a pu voir cela dans un film chinois, Trap street, sorti voilà presque un an, et dont j’avais parlé.
Le procédé semble bien ingénieux, mais ceux qui l’emploient ne paraissent pas se soucier d’avoir vendu des cartes volontairement faussées. Imaginez qu’un automobiliste, voyageant dans une région plutôt désertique, tombe en panne, et qu’il espère trouver un garage non loin, dans une ville imaginaire !...
J’ai vu ce matin un film où ce détail est utilisé. Là, on parlait d’une ville nommée Agloe, dans le comté Delaware, proche de New York. Ce nom bizarre était l’anagramme des initiales du fondateur de la General Drafting Company, un certain Otto G. Lindberg, et de son assistant Ernest Alpers, qui éditaient donc des cares routières. La fausse ville a figuré sur les cartes Esso jusque dans les années 1990, puis ensuite on a préféré la supprimer. Or ce nom figure toujours sur Google Maps !
Mais enfin, chez nous, on a bien un président imaginaire, un Parlement fantôme, et une démocratie de papier. Alors, pourquoi pas ?