Privatiser ? Pourquoi ?
On ne peut pas exiger de l’État qu’il s’occupe de tout et soit responsable de tout ; déjà, l’envahissant principe de précaution stérilise à peu près toute l’action publique, et beaucoup de maires renoncent, de crainte d’être traînés en justice pour des faits où ils n’ont eu aucune part. Et l’exemple désastreux de l’ex-Union soviétique a montré qu’un État qui se mêle de tout n’est pas un modèle d’efficacité !
C’est pourquoi certains mettent en avant leur solution : laisser faire le privé. Aux États-Unis, c’est la doctrine qui prédomine, et, par exemple, on abandonne aux entreprises privées le soin de s’occuper de la culture et d’une bonne part de l’éducation.
On peut en discuter, mais de nombreux secteurs de l’activité d’un pays ne peuvent pas être laissés au privé : la santé, la sécurité, la justice, le régime des retraites, la poste, les télécommunications (mais oui !), l’accès à l’eau potable et à l’électricité, l’économie, les transports. Imagine-t-on un pays où n’existeraient que des cliniques, et aucun hôpital ? Où la police serait uniquement assurée par des milices ? Où toutes les banques appartiendraient à des particuliers riches ?
Par conséquent, si un État estime que le privé est plus efficace pour certaines tâches, il doit néanmoins ne lui octroyer que des concessions temporaires, régies par des contrats précis fixant les obligations de ceux auxquels il accorde ce privilège, concessions révisables immédiatement en cas d’échec. Car, si l’on privatise un secteur protégé, cela s’assimile à la vente, par un ménage, du patrimoine familial, donc à un vol commis au détriment des citoyens – surtout si le peuple n’a pas été consulté, et il ne l’est jamais sur ces questions ! Rappelons-nous que tout ce qui appartient à l’État a été payé par les générations qui nous ont précédés.
Tout refiler au privé, c’est obliger les pauvres à ne plus pouvoir se soigner, se chauffer, se nourrir, s’abreuver, s’éclairer, se laver, se déplacer, sans se ruiner au profit exclusif des plus riches – rebaptisés « investisseurs ».
C’est pourquoi je propose de pendre les néolibéraux, les dirigeants du FMI et de la Banque mondiale, qui ne cessent de nous vanter les bienfaits des privatisations, et ne manquent jamais de faire pression sur les dirigeants pour obtenir ce genre de réformes. Je vous dirai un autre jour ce que je pense de l’héritage, et de l’obligation bien française de ne léguer ses biens qu’à ses descendants.