Les trois garces
Non, mon titre du jour n’est pas le résultat d’une de ces fautes de frappe dont ma dyslexie galopante agrémente mes petits textes, que par chance personne ne lit. Vous comprendrez plus loin.
Comme tout un chacun, il m’arrive de tomber dans le pléonasme, et je suis certain que, vous aussi, vous avez bien dû employer l’expression « petit garçon ». Or c’est bel et bien un pléonasme ! En effet, le suffixe -çon (et parfois -sson) joue le rôle de l’adjectif petit. Un enfançon, c’est un petit enfant ; un balançon, c’est une petite pièce de bois de sapin ; un avançon, c’est la partie la plus ténue d’une ligne de pêche où sont accrochés les hameçons ; un limaçon, c’est une petite limace ; un glaçon, c’est un petit morceau de glace ; un lançon, c’est un petit poisson (qui a crié « Et un poisson, c’est un petit pois ? », je vous en prie, on est sérieux, ici. Et je rappelle qu’une contrefaçon, ce n’est pas un petit contre-fa, lequel est un fa-5, la note que Maria Callas n’a jamais pu produire).
La vérité est que le nom garçon est le diminutif de gars : un garçon, à l’origine, était un petit gars. Ce qui rend grotesque le mot garçonnet, qui diminue un diminutif, tout comme aujourd’hui complique inutilement hui, puisqu’il signifie déjà « le jour où nous sommes » (d’après le latin hodie). Et je ne dis rien du burlesque « au jour d’aujourd’hui »...
Or, ce à quoi on ne pense jamais, c’est que gars possède un féminin, qui est... garce ! Eh oui, à l’origine – encore –, ce mot n’avait rien de péjoratif, tout comme pucelle ne signifiait pas obligatoirement « fille vierge ». C’est fou ce que la langue évolue, comme dirait Alain Rey.
Mais alors, vous comprenez à présent mon titre. Et si je dis que Ségolène Royal, Christiane Taubira et Najat Vallaud-Belkacem sont les trois garces principales du gouvernement, je n’ai pas à craindre le moindre procès en diffamation !