TOUS en « état de choc » ?
Il y a quelques jours, toute la presse faisait ses choux gras de cette photo d’un petit garçon de trois ans, trouvé noyé sur une plage de Turquie. Je n’ai pas écrit un seul mot sur le sujet. Pas par indifférence, mais par décence. Je ne racole pas pour augmenter le nombre de mes lecteurs, et la pudeur a encore un sens pour moi, alors que beaucoup ne semblent seulement plus connaître ce mot.
Aujourd’hui, les journaux, écrits ou parlés, se sont focalisés sur un sujet quasiment unique, les troubles à Air France. Cette compagnie, qui perd énormément d’argent, s’est lancée dans un vaste programme de réduction massive de ses effectifs et de leurs salaires, ce qui évidemment n’a pas plu aux pilotes. Lesquels s’en sont pris à deux cadres de la compagnie, qui ont eu leur chemise déchirée ou arrachée. Deux chemises déchirées, mon Dieu quelle horreur, on n’avait rien vu de pire depuis la Shoah !...
Toujours est-il que Manuel Valls, auquel n’avait pas suffi de s’être précédemment ridiculisé dans une pantomime sur France Inter – que le Petit Journal a publiée –, a sauté sur cette occasion de bramer que « tout le pays » se trouvait dès lors « en état de choc ». Sans blague ? Il faut dire que, toute la journée, la presse française s’est ingéniée à ne parler que de cet incident, et que ses envoyés n’ont cessé de demander, à ceux qu’ils questionnaient, si cette histoire de chemise les « choquait ». C’est la presse étrangère qui en a fait des tonnes dans la raillerie à l’égard des Français. On la comprend.
Tous les Français en état de choc, dix fois, j’ai pris pour cible ce radotage médiatique consistant à vouloir nous faire avaler que TOUS les citoyens de ce pays forment un seul bloc, et que, mystérieusement devenus hypersensibles, un rien suffit à les ravaler à l’état de zombies.
Moralité : Valls nous prend pour des demeurés.