Merci, chers terroristes !

Publié le par Yves-André Samère

Durant des années, chaque fois qu’une pièce de théâtre avait du succès, il s’avérait impossible de trouver des places, le délai était de plusieurs mois, et parfois, il fallait attendre l’année suivante. Souvent, on se rattrapait avec la télévision, qui diffuse les spectacles sur certaines chaînes.

Mais grâce à vous, chers terroristes, tout cela est révolu, et je l’ai vérifié la semaine dernière, en allant voir hier au petit théâtre Daunou cette pièce dont j’ai déjà parlé, On a mangé le chameau de M. Hollande, qui se joue depuis le 15 octobre. Pièce qui possède deux vertus, elle fait rire, et elle est courte. En compensation, je ne connaissais aucun de cinq acteurs, mais ils étaient bien dirigés, et, en dépit d’un décor plutôt fauché, la mise en scène était bonne.

Mais où sont les terroristes, dans tout ça ? Très simple : les Parisiens qui n’ont « même pas peur », comme radotent ces vantards, se terrent chez eux et ne vont plus au spectacle ! Si bien que, dans ce théâtre à l’italienne un tantinet délabré (il a brûlé en 1971, n’a pas encore été retapé, n’a quasiment pas de toilettes, et ne publie sur son site que des photos cache-misère et refaites avec Photoshop), le balcon était vide, et l’orchestre, rempli à moitié.

Précisons qu’en dépit de la règle directoriale, ne pas vendre les places du premier rang d’orchestre, car on est un peu en contrebas de la scène et « on ne voit pas les pieds des acteurs », selon la caissière et les ouvreuses – ce qui est très grave quand lesdits acteurs jouent avec leurs pieds –, j’avais tenu à m’y asseoir, et j’étais donc seul dans la rangée, ce que j’apprécie par-dessus tout ! On peut y étendre ses jambes, poser ses pieds sur la grille qui condamne la fosse, un délice aristocratique. Et je n’avais acheté ma place que l’avant-veille...

L’histoire est surtout une satire des mœurs en vigueur chez les gouvernants, les hauts fonctionnaires et les stagiaires sur lesquels ils se défoulent en les martyrisant. Bien vu. Mais aucun jeune dans le public. Ils ont peur des attentats ? Si bien qu’une réplique, qui m’a fait bien rire, est passée complètement inaperçue : le sous-fifre du directeur de cabinet au ministère de la Défense, un incapable, après s’être beaucoup agité et avoir beaucoup flatté ses supérieurs qui le méprisent, enfin seul, sort son iPad et dit « Tiens, je vais me détendre un peu en me faisant un petit Tinder ! ». Les braves bourgeois qui m’entouraient ne savaient visiblement pas que Tinder est un site de rencontres à caractère copulatoire !

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