Le Petit enterre le Grand
Plusieurs fois, j’ai affirmé que, sur Canal Plus, le Grand Journal était en perdition, faute de laisser la parole plus de trente secondes à ses invités (ils sont sur le plateau depuis un quart d’heure, et n’ont pas encore dit un seul mot, car il faut laisser les pitres maison faire leur numéro), et parce que les personnalités prestigieuses ont compris qu’elles ne devaient plus y aller, vu le niveau général de la production. Bref, des ringards has been.
C’était flagrant hier soir. Maïtena Biraben feignait de croire que, si le public était clairsemé, c’était parce que les gens ont désormais peur de sortir et craignent pour leur vie (il n’y a jamais eu un seul attentat dans le quinzième arrondissement), et avait invité les Bohringer père et fille. Romane Bohringer, actrice plutôt laide, fait très peu de films, hormis quelques courts-métrages et un peu de télévision ; quant à son père, qui promène partout un humanisme aussi voyant que poisseux et rappelle sans arrêt qu’il a pris la nationalité sénégalaise, il ne travaille guère, boit beaucoup, et a énormément vieilli.
À l’autre bout de la popularité, le Petit Journal gagne chaque jour un peu plus de terrain, et reçoit des personnalités d’un autre prestige, puisque, hier soir, c’était rien moins que le pianiste classique le plus célèbre au monde, Lang Lang, pour lequel on avait installé un piano de concert dans le studio, qui n’en a jamais tant vu. Lang a joué des extraits de plusieurs morceaux de Chopin, Schumann, Schubert et Debussy, et a consenti à feindre de donner une leçon à Yann Barthès, qui de son côté avait feint de ne pas savoir jouer. Ils ont donc joué ensemble... Au clair de la Lune, le public s’est bien amusé, et Lang, qui adore faire l’andouille, n’était pas le dernier à se marrer.
Vous vous marrez au Grand Journal, vous ?