Noyés dans le sirop
Un peu partout, on entend et on lit que les terroristes ont perdu, car – je cite – « nous chanterons, danserons et rirons de plus belle. Nous le devons aux victimes de ce drame et à leurs proches ».
Je ne sais pas si on DOIT quelque chose aux victimes, à qui tout cela reste indifférent, ni si je vais de plus belle chanter, danser et rire. Mais cette utilisation quasiment obligatoire de la méthode Coué a de quoi mettre mal à l’aise. C’est un peu, inversée, l’histoire du farceur qui criait au loup, et qui, le jour où le loup est vraiment apparu, n’a pas été secouru par ses concitoyens lassés.
À cela s’ajoute que, tour à tour et parfois dans les mêmes bouches, on entend qu’il ne faut pas avoir peur ET qu’il faut avoir peur, parce que ce serait normal. Ce blablabla constant frise l’impudeur. Et si on laissait les gens décider par eux-mêmes ? Ce qui n’est pas normal, c’est, selon ma formule favorite, de montrer son cœur à tous les passants.