« Sombre dimanche »
Hier, dans son émission La prochaine fois je vous le chanterai sur France Inter, l’excellent Philippe Meyer a diffusé une chanson à la fois célèbre et totalement inconnue. Étonnement de votre part devant cette contradiction.
La chanson Sombre dimanche est célèbre à cause de sa réputation : on a beaucoup raconté qu’après sa sortie, elle avait provoqué en France une vague de suicides, par sa noirceur. Mais pourtant, elle reste totalement inconnue (j’exagère un peu afin de conserver quelques lecteurs), parce qu’il ne doit pas y avoir un Français sur dix mille qui soit capable de dire de quoi elle parle ou d’en citer un vers. C’est pourquoi, afin d’éclairer votre religion, je vous donne l’adresse sur YouTube où vous pourrez l’entendre chanter par sa créatrice Damia. Il faut préciser que Serge Gainsbourg s’est cru autorisé à la reprendre en modifiant un peu les paroles.
De cette chanson que je n’avais jamais entendue tout en connaissant la cause de sa notoriété relative, je vous dirai que je n’en pense pas grand-chose, et que sa réputation est largement surfaite. Il ne s’agit en fin de compte que des lamentations d’une femme que son amant a larguée, mais aujourd’hui où la rupture se fait plutôt par SMS, on ne se suicide plus pour une raison aussi futile, et on ne se lamente guère. Le suicide, on s’y résoud, si on est un garçon, quand vos chers copains ont publié sur Facebook que vous étiez un adepte de la sodomie passive, ou, si vous êtes une fille, que vous avez pratiqué la fellation autant de fois que la petite amie du personnage principal de Clerks, film hilarant de Kevin Smith (c’était trente-six fois, et le copain du garçon lui demandait si elle avait accompli d’affilée cet enviable record).
Bien, je suis content d’avoir contribué à parfaire votre culture musicale. La prochaine fois, si Dieu le veut, j’évoquerai la chanson de Dranem Le trou de mon quai.