Rhubarbe, séné et autres salades

Publié le par Yves-André Samère

On connaît l’immense culture littéraire de Sarkozy, dont il a donné une preuve supplémentaire en utilisant face à David Pujadas, l’autre soir, cette illustration des métaphores politiciennes sur les accords pré-électoraux : « Passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe ! Ce n’est pas comme ça que ça se passe », a-t-il dit avec l’assurance des cancres.

Naturellement, tous les commentateurs en ont fait des gorges chaudes, et on a vérifié, hier au Grand Journal, à quel point les rieurs étaient cultivés, puisque, invités par Maïtena Biraben, qui s’était visiblement documentée avant de venir sur le plateau, ni Guillaume Gallienne, sociétaire de la Comédie-Française et animateur d’une émission culturelle chaque samedi sur France Inter, ni Augustin Trapenard, animateur d’un émission culturelle chaque matin sur la même radio, ni Marianne James, chanteuse et présente sur le plateau, n’ont été capables de dire quelle était l’expression exacte et ce qu’elle signifiait.

Pour ma part, je la connaissais depuis mon enfance : « Passe-moi la rhubarbe, je te passerai le séné », symbolisant à peu près un échange de bons procédés, la rhubarbe et le séné étant des végétaux plus ou moins utilisés en pharmacie.

Inutile de dire que la salade n’a rien à voir dans cette ténébreuse affaire. À moins que Sarkozy ait visé les salades dont lui et ses pareils ne sont pas avares dans leurs promesses. Il faut dire que l’ancien président, vieux singe auquel on n’a plus besoin d’apprendre à faire la grimace, savait qu’étant invité ce matin sur France Inter, il devait s’attendre qu’on lui  glisse quelques peaux de banane sous les pieds, préparées par Patrick Cohen, Léa Salamé et quelques auditeurs de mauvaise humeur. Aussi avait-il visiblement préparé ses réponses, et il s’est adroitement vengé sur ce pauvre Trapenard : lorsque ce clown lui a demandé quel était son livre préféré, il lui a balancé un titre de Maupassant, Fort comme la mort, en lui demandant s’il le connaissait. Et l’autre ne connaissait pas ! Pour une fois, il m’a presque paru sympathique, l’agité à talonnettes.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Petite précision botanique : ces deux végétaux sont connus pour fluidifier le transit intestinal. Autrement dit, des laxatifs.
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Y
Je le savais, mais ma pudeur m’a retenu de le dire.
D
Il est roublard, et a le cuir dur. Un parfait politique.
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Y
Eh oui, comme tous qui ne savent faire que ça.