L’argot des médias
Curieuse, cette manie des médias d’insérer partout de l’argot, comme si ce langage des truands était devenu la langue officielle !
Par exemple, si un prisonnier s’évade, on ne dit jamais qu’il s’évade. Désormais, le voilà en cavale. C’est tellement plus joli, on l’imagine sur un cheval fougueux, en train de galoper à travers la campagne, sautant des haies ou des torrents, et ne s’arrêtant que le soir, dans une sympathique auberge... Le côté probablement sordide de son évasion est gommé, donc le public est content.
Et la Bourse ? S’il existe un sujet pourvu de toute poésie, c‘est bien celui-là. Les êtres humains y jouent un rôle de plus en plus effacé, car il faut faire vite, donc on les remplace par des robots, mais pas tout à fait aussi rigolos que R2D2 et C3PO, ou encore Robby, le sympathique humanoïde de Planète interdite. Mais, en dépit de cette absence de poésie, nos chers passeurs de plats des médias y incluent un soupçon de bricolage, et pour peu que les cours de telle bourse diminuent un peu, on s’affole et on clame partout que « la Bourse dévisse » – encore entendu ce matin à propos des bourses de je ne sais plus quel pays asiatique. Les journaleux prennent leur inspiration au sous-sol du BHV ?