Comment vont vos « ressentis » ?
J’aime bien Amélie Nothomb. Je ne crois pas qu’elle soit un grand écrivain, mais c’est un bon écrivain, et elle possède un certain nombre de qualités.
D’abord, elle est extrêmement sympathique, ce qui la différencie de Michel Houellebecq et Yann Moix. Elle est joyeuse, aimable, excentrique, elle aime rire et ne s’en prive pas.
Ensuite, ses romans sont courts : la plupart peuvent être lus en une heure ou deux, qualité précieuse, et qui la différencie de Donna Tarth.
Puis elle se fiche complètement de ce qu’on pense d’elle, ce qui me la rend proche, et elle a un sens aigu du canular, puisqu’elle a réussi à faire croire à tous les critiques qu’elle ne se nourrissait que de champagne et de fruits pourris.
Enfin, elle tient les modes pour ce qu’elles sont, de simples duperies visant à épater les gogos. Si vous me lisez, vous avez constaté combien je partage ce point de vue. Et justement, dans son dernier roman publié, Le crime du comte Neville, je relève ce passage, à propos d’une voyante qui demandait audit comte s’il s’intéressait aux ressentis de sa fille fugueuse : « Le dernier mot frappa la comte comme une gifle. Ce n’était pas la première fois qu’il l’entendait. Depuis quelques années, pour d’obscures raisons, les gens ne se satisfaisaient plus des termes sentiments, sensations ou impressions, qui remplissaient pourtant parfaitement leur rôle. Il fallait qu’ils éprouvent des ressentis. Neville était allergique à ce vocable aussi ridicule que prétentieux ».
Amélie, ne me pique pas mes opinions, s’il te plaît !