Étaix et Fellini

Publié le par Yves-André Samère

Mon six-millième article. Ben oui...

Puisque j’ai mentionné Fellini dans ma notule sur Scola, et que je n’ai pas du tout écrit que j’aimais Fellini, confirmons : Fellini me barbait, car il en faisait trop. Le seul film de lui que j’avais apprécié n’est pas du tout connu, c’était Prova d’orchestra (en français, Répétition d’orchestre) qui avait fait un sacré bide en 1978. Il y avait aussi Les nuits de Cabiria, où François Périer se prétendait amoureux de Giulietta Masina, uniquement pour lui piquer ses économies, et Ginger et Fred, où Marcello  Mastroianni et la même Giulietta (c’était la propre femme de Fellini) interprétaient deux acteurs sur le retour qui faisaient un duo évoquant Fred Astaire et Ginger Rogers. Mais Fellini a totalement raté son adaptation du Satiricon attribué à Pétrone, car il ne connaissait strictement rien à l’homosexualité, qui était au centre de l’œuvre du premier roman connu de l’Histoire (il a eu le culot de titrer ce film avec son nom dans le titre, Fellini-Satyricon, et sic pour ce Y saugrenu, qui ajoutait un contresens au ratage !).

Un critique du « Canard » avait écrit à propos de Fellini qu’il était supportable tant qu’il n’avait QUE du talent, mais qu’il était devenu imbuvable lorsqu’on a commencé à lui trouver du génie. Exactement comme Kechiche, Scorsese, Tarantino, Dolan et quelques autres, même si, pour voir du talent dans ce qu’ils font, il faudrait une loupe très puissante...

Samedi, l’émission de Daphné Roulier sur France Inter – que je n’écoute jamais – invitait Pierre Étaix, le dernier génie du cinéma encore vivant chez nous. Étaix, qui a eu 87 ans en novembre, ne fait plus de films, car il est resté incompris du public français, et a préféré faire carrière au cirque. Mais partout ailleurs qu’en France, il est considéré comme un génie (je me répète), et Jerry Lewis voit en lui en frère, ce que je trouve parfaitement justifié, et l’a fait jouer dans son dernier film, pas sorti et que nous ne verrons jamais, The day the clown cried. Mais Fellini aussi admirait Pierre Étaix, chers Françaises-Français qui ne connaissez pas son existence, et avait fait un documentaire, Les clowns, où il l’avait invité. Or Étaix a détesté jouer dans ce film, s’est brouillé avec Fellini, ce que je savais déjà, et il s’en est expliqué chez Daphné Roulier : le propos de ce film, que l’Italien n’avait révélé à personne, consistait à soutenir que tous les clowns étaient soit des débiles mentaux, soit des alcooliques. Autrement dit, Fellini ne connaissait pas plus cette profession qu’il ne connaissait l’homosexualité ! Et lorsqu’il s’en est aperçu au fil du tournage, Étaix, indigné, a refusé de jouer les scènes que Fellini lui demandait, et a dit qu’il partait, prétextant qu’il avait à terminer l’étalonnage de son propre film en cours. Et là, Fellini s’étonne : « L’étalonnage, ma qué, mais qu’est-ce qué c’est qué ça ? ». À quoi Étaix lui a répondu qu’il ne pouvait pas lui expliquer, attendu que, pour comprendre, il aurait fallu que Fellini connaisse quelque chose au cinéma !

Dire à Fellini qu’il ne connaît rien au cinéma, j’adore ce genre de vacheries.

Publié dans Cinéma, Radio, Curiosités

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T
Très beau documentaire passé sur la 5 sur la rivalité Fellini/Visconti :<br /> <br /> http://le-cinema-de-tietie007.blog4ever.com/fellini-versus-visconti
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Y
J’irai voir. Merci !