La pâtisserie Stohrer
Ce n’est pas parce que je viens d’écrire un article sur mon peu de goût – au sens intellectuel – pour le goût – au sens physique – que je vais m’abstenir d’en rédiger un, d’article, sur la plus ancienne pâtisserie de Paris. Car, en l’occurrence, il ne s’agit que d’une curiosité historique, et pas de publicité clandestine pour l’extension du diabète chez les goinfres.
Donc, la plus ancienne pâtisserie de Paris date de 1730 : Louis XV régnait, et faisait instaurer en loi du royaume la dernière bulle Clément XI, qui condamnait le jansénisme. Le jansénisme, pas la gourmandise ! Or Nicolas Stohrer, qui était polonais, était le pâtissier de Marie Leszczynska, la fille du roi Stanislas de Pologne. Et lorsqu’en 1725 elle a épousé Louis XV, son pâtissier l’a suivie à Versailles, et a ouvert son établissement dans la rue Montorgueil, dans le deuxième arrondissement de Paris, pas très loin de chez moi par conséquent. Avec sa façade classée, la boutique est l’endroit le plus célèbre de cette rue tout entière occupée par un marché très connu, puisqu’en avril 2004, la reine Elisabeth d’Angleterre y est venue faire une visite – dans la rue et dans la pâtisserie. J’ignore si elle y a trouvé du pudding, mais on a fait, de cette visite, des cartes postales qu’on vend devant la boutique. En tout cas, on affirme que Stohrer aurait inventé le baba au rhum !
Cela dit, ladite boutique ne fait pas l’unanimité, et l’on critique beaucoup ses prix affreusement élevés, ses gâteaux qui datent souvent de la veille, et le manque d’amabilité de son personnel. Bref, le snobisme fait beaucoup pour sa notoriété.
Mais comme je ne mange pas de saletés sucrées, tout ça m’est bien égal, comme chantait Charles Aznavour.