Déboulonnons : Mohammed V (2)

Publié le par Yves-André Samère

J’ai commencé ma série d’articles sur Mohammed V en mentionnant combien le personnage était falot à ses débuts, et ne s’intéressait pas à la politique de son pays. Or, préposé par le représentant du gouvernement français à la signature des décrets administratifs qu’il ne lisait même pas, il commit une assez belle bévue lorsqu’il signa en 1930 le « dahir berbère ». Précisons que la population du Maroc est composée, aujourd’hui encore, de deux communautés étrangères l’une à l’autre : les Arabes et les Berbères, les premiers, soumis à la loi coranique, considérant les seconds, surtout spécialisés dans le commerce de l’épicerie, comme des arriérés, non soumis à la même loi mais régis, à cette époque, par le droit coutumier en matière civile et le droit français en matière pénale.

Ledit dahir officialisait cette division, scindant ainsi officiellement la société marocaine en deux, ce qui ne plut pas à tout le monde ! Et le sultan prit très mal ces réactions de nationalisme, ce qu’il fit savoir dans une lettre qu’on dut lire dans toutes les mosquées, et dans laquelle il réprimandait ces « jeunes gens dénués de tout discernement » qui s’étaient « mis à faire croire que [son dahir n’avait] pour but que la christianisation des Berbères ». Et il fit tomber la répression sur les nationalistes marocains, qui n’en continuèrent pas moins à s’opposer à lui.

Cela ne changea qu’en 1943, lorsque, après une discussion avec Roosevelt à la conférence de Casablanca, le sultan comprit qu’il n’était pas obligé de tout accepter de la part de la France, laquelle, justement, était alors plutôt mal en point ! Et, un an plus tard, il se décida à recevoir les nationalistes, qui lui présentèrent un manisfeste sur l’indépendance à laquelle ils aspiraient, et qu’il transmit au résident français Puaux. Mais Puaux le prit très mal et entra dans une telle colère que le sultan recula, et fit savoir à ses vizirs que « le mot d’indépendance [devait] disparaître des cœurs et des bouches ». Une vraie terreur, ce Momo.

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