Le serviteur du « Généreux »

Publié le par Yves-André Samère

Opération terminée, et apparemment réussie, puisque je suis toujours vivant. Je n’ai aucune idée de l’heure. Un autre brancardier me ramène dans ma chambre, toujours inoccupée puisque mon voisin n’est pas encore là. Mais on le ramène de la salle de réanimation avant la fin de la journée, il semble plus mal en point que moi, et j’apprendrai qu’il vient d’un autre hôpital, Ambroise-Paré, à Boulogne-Billancourt, où d’ailleurs il retournera dans quelques jours, à son grand soulagement, car le service de chirurgie de l’hôpital Cochin, si on ne considère pas les opérations chirurgicales elles-mêmes, semble appartenir au tiers-monde !

Ce garçon est algérien, et son prénom est Abdelkarim, ce qui va me donner l’occasion idéale de vérifier, auprès de lui, de ses amis et des divers membres de sa famille, oncle, frère, etc., que je n’ai pas écrit de bêtises en écrivant ici que le prétendu prénom Abdel n’en a jamais été un. J’ai interrogé ces visiteurs, et tous ont confirmé que Abdel, en réalité Abd el, est bien un préfixe signifiant « serviteur de » ou « esclave de », et qu’il doit, obligatoirement, être suivi d’un des surnoms de Dieu. Ainsi, Abd el Karim veut dire « serviteur du Généreux » – sic.

Ce qui confirme que Frédéric Dard, qui avait adopté un petit Tunisien et l’avait prénommé Abdel, ne connaissait pas un mot d’arabe ! Pas plus que les innombrables gogos français qui sont tombés dans le panneau. Mais, de la part d’un peuple qui met un point d’honneur à ignorer sa propre langue, rien d’étonnant.

Publié dans Santé, Curiosités

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