19 mars

Publié le par Yves-André Samère

La chose ne se reproduira pas tous les jours, mais je suis entièrement d’accord avec Sarkozy, ou plutôt avec son éditorial publié hier dans « Le Figaro ». Il y fustigeait son successeur Hollande pour avoir décidé que, dorénavant, la date du 19 mars honorerait les combattants de la guerre d’Algérie, quel qu’ait été leur bord.

Selon les journaux paraissant aujourd’hui, les opposants à cette initiative de notre président postiche se recruteraient à droite et à l’extrême droite. Mille regrets, mais je me considère comme de gauche, et je suis tout aussi opposé à cette décision, parfaitement absurde et qui ne s’imposait d’autant moins que lesdits combattants, du moins ceux qui ont survécu, ne demandaient rien, et surtout pas ça. En fait, seuls les gaullistes les plus acharnés, par exemple ceux de la Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Algérie, tenaient à cette commémoration. Les autres considèrent plustôt la date du 19 mars 1962 comme une déculottée infligée à la France, et avec son consentement !

En effet, une fois le cessez-le-feu signé entre la France et les représentants des Algériens révoltés, que s’est-il passé, cette année-là ?

1. L’armée algérienne n’a pas déposé les armes, mais les soldats français, si. On a vu les patrouilles françaises composées de militaires dont les armes n’avaient aucune munition, et, dans certains casernements, les sentinelles montaient la garde avec... des bâtons.

2. En cas d’exaction commise par l’armée algérienne, assassinats compris, les soldats français n’avaient pas le droit de s’interposer. Ordre leur était donné de fermer les yeux et de se boucher les oreilles.

3. Forcée de rapatrier en France son matériel, l’armée française, souvent, en a été réduite, parce que cela coûtait trop cher, à le jeter à la mer.

4. Et, pire que tout, De Gaulle a interdit que les harkis (supplétifs musulmans qu’on avait engagés dans l’armée française pour renforcer les troupes) soient, contrairement avec ce qu’on leur avait promis, rapatriés en France : l’ordre était de les abandonner sur place. Et comme Ahmed Ben Bella, qui avait vite détrôné le président algérien désigné Benyoucef Benkhedda, avait à mots couverts encouragés ses compatriotes à se venger des harkis, on a eu des massacres un peu partout : égorgements, yeux crevés, éventrations, langues et parties sexuelles tranchées au couteau, victimes arrosées de pétrole auxquelles on mettait le feu, et autres amusettes dignes d’un pays qui accédait à l’indépendance.

Voilà ce que signifie la date du 19 mars pour des tas de gens qui ne sont pas du tout de droite ou d’extrême droite. Des familles de harkis ayant cru à la parole de De Gaulle, j’en connais personnellement.

 

NB : on a entendu ce niais d’Éric Ciotti, élu sarkozyste du Midi, déclarer que Hollande avait revêtu les habits d’un de ses prédécesseurs qui fut Premier secrétaire du Parti Socialiste. Je ne vois pas à qui il faisait allusion. S’il pensait à Mitterrand, il s’est mis le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate, car Mitterrand s’est toujours opposé à cette commémoration le 19 mars. Tout autant que Chirac et Sarkozy lui-même, d’ailleurs.

 

NB-2 : comme chaque fois que j’écris ici le mot harki, je trouve en commentaire, dès le lendemain, un texte de propagande, toujours le même, en leur faveur. Je prie les commentateurs de ne pas prendre ce bloc-notes pour une tribune de propagande ouverte à tout le monde. Comme d’habitude, leur commentaire ira à la corbeille.

Publié dans Actualité, Histoire

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