Toujours plus haut !

Publié le par Yves-André Samère

Jadis, quand vous instruisiez les enfants dans une école primaire, vous étiez l’instituteur, envoyé par le Ministère de l’Instruction Publique. Mal payé, mais le métier était considéré. Puis, toujours en étant mal payé, vous étiez devenu de moins en moins considéré. Il fallait faire quelque chose. Le gouvernement et son ministère, rebaptisé « de l’Éducation Nationale », ont donc réagi vigoureusement, et, comme toujours, ont choisi de donner aux malheureux instituteurs l’aumône traditionnelle : un changement de dénomination. Et ils sont devenus des « professeurs des écoles ». Sic, et ça ne mangeait pas de pain.

Toujours jadis, les instituteurs apprenaient leur futur métier dans des Écoles Normales, établissements gratuits où les études duraient quatre ans : trois pour décrocher le baccalauréat, plus une année de stages pratiques (quatre semaines en début de chaque trimestre) et de cours théoriques, sanctionnés par le CFEN (Certificat de Fin d’Études Normales), que nul ne prenait au sérieux car on le donnait à tout le monde. En fin d’année, après six stages de deux semaines, vous étiez théoriquement fin prêt... mais pas très nombreux, car les Écoles Normales n’accueillaient après concours que très peu d’élèves, parfois vingt seulement chaque année.

Le changement de nom pour les instituteurs s’est accompagné d’un autre changement pour les Écoles Normales, qui sont devenues des IUFM (à vos souhaits !) : des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres. Vous avez compris que, dans ce nom à rallonge, le mot qui comptait, c’était universitaire. On laissait entendre que les instituteurs atteignaient désormais des sommets de savoir – alors que ce métier exige surtout de l’expérience, qui ne s’acquiert que par la pratique quotidienne, et que jamais un diplôme ne fera de vous un as de la pégagogie.

Eh bien, les choses ont encore changé, puisque les IUFM sont à présent des « Écoles supérieures du professorat et de l’éducation », titre pas du tout boursouflé. Ça me rappelle le Centre National du Cinéma, qui se fait maintenant appeler Centre National du Cinéma et de l’Image Animée. On vise les sommets, au ministère de l’Éducation Nationale comme partout. Jusqu’où ne montera-t-on pas ?

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :