Écrire sans se tromper
Il faut savoir faire ce qu’on aime, et ce dont on se sait capable. Chaque fois qu’un artiste tente de sortir de sa spécialité, il se ramasse lamentablement. Par exemple, Agatha Christie, impératrice du roman policier (de détection), s’est plantée chaque fois qu’elle a voulu écrire un roman d’espionnage. Alfred Hitchcock, meilleur auteur de films à suspense, s’est égaré lorsqu’il a signé une biographie romancée d’un musicien, en l’occurence Johann Strauss, d’ailleurs adaptée d’une comédie musicale. Henri-Georges Clouzot, réalisateur de films noirs, a totalement raté sa comédie parodique Les espions. Steven Spielberg, qui réussit à merveille les films d’aventures très remuants, s’est vautré chaque fois qu’il s’est pris au sérieux, avec La couleur pourpre, Amistad, La liste de Schindler ou Lincoln. Victor Hugo s’est pris les pieds dans le tapis avec sa pièce ridicule Les Burgraves. François Truffaut, lorsqu’il a voulu faire un film d’anticipation fantastique avec Farenheit 451, a commis un film ni fait ni à faire. Corneille n’a pas brillé avec ses comédies Mélite ou La Place royale, tandis que Molière se tapait un bide avec une tragédie, Dom Garcie de Navarre. Trouvez d’autres exemples, il y en a des centaines.
Je ne me prends pas pour un artiste, mais, comme je n’ai pas l’angoisse de la page blanche, j’écris facilement, et, dès l’âge de dix ans, je songeais vaguement à devenir journaliste. Oui, mais lorsqu’un journal a voulu m’engager, rapidement j’ai compris que j’aurais un patron sur le dos, aussi ai-je décliné l’invitation. Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul. Donc je n’écris que sur Internet, et on me fiche la paix.
Cela ne m’empêche pas de me tromper, comme vous l’avez constaté en lisant l’article en trois parties que j’ai rédigé, avec beaucoup d’efforts, sur le cholestérol (ICI, LÀ et ENCORE LÀ). Disons-le, c’est raté ! Pourquoi ? Parce que j’ai voulu traiter un sujet compliqué, avec pas mal de ramifications, et que, si je crois savoir raconter une histoire parce que la chronologie vous aide en vous tenant par la main, au contraire, lorsqu’on a beaucoup cherché et réuni une masse de données, les mettre en ordre et les résumer pour éviter de faire trop long, cela oblige à faire un choix relevant de l’esprit de synthèse – qualité que tout le monde n’a pas. Si bien que mon triple article est quasiment incompréhensible.
En somme, j’aurais mieux fait de mettre en ligne les documents que j’avais. Mais, d’une part, j’aurais violé le droit d’auteur, et, d’autre part, ça ne les aurait pas rendus plus courts donc plus lisibles, et il est probable que vous ne les auriez pas lus. Alors, supprimer mon chef-d’œuvre ? Non, j’ai préféré le conserver comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire !
Conclusion : je ferais mieux de me borner à cette occupation plus agréable : me payer la tête des imposteurs du gouvernement et des médias. C’est plus facile, et là, au moins, on a l’occasion de rire.