Vivent les soldes !
J’ai de bonnes relations avec tous les commerçants de mon quartier, et l’une de mes meilleures amies a un commerce fort honorable. Autant dire que je ne suis pas du genre à taper sur les commerçants. Néanmoins, nuançons, il existe au sein de la profession d’authentiques truands.
Depuis deux ou trois jours, à Paris, c’est le temps des soldes d’été. À cette occasion, nous avons été submergés par des messages radiophoniques sur un ton extasié : « Cette année, jusqu’à soixante-dix pour cent de remise ! Précipitez-vous ! ».
Comme je suis curieux, je me suis précipité... après deux jours de réflexion, et j’ai pu visiter quelques grands magasins du centre. Eh bien, j’ai été édifié – je ne dis pas séduit – par l’ingéniosité des organisateurs de soldes, qui ont dû étudier l’art du commerce à l’école Al Capone. Certes, certes, on trouve sur les articles en vente des étiquettes de couleurs indiquant le taux de remise qui y est pratiqué, et j’ai bien constaté la présence des fameux « 70 % ». Le hic, c’est que, sur la plupart des articles, le prix est vente est absent ! Fabuleuse remise sur un prix que l’on ne connaîtra pas...
Imaginez la chose : vous êtes séduit par une chemise, une paire de souliers, un pantalon, ou tout ce que vous voudrez. Il est mentionné que vous profiterez d’une remise de 70 %, mais, une fois à la caisse, vous découvrez que cette réduction s’applique sur un jean vendu à... 155 euros. Authentique, et quelle belle affaire !
(Je précise que non, ce n’est PAS un achat de ma part. Et ce n’est qu’un exemple parmi quelques centaines constatés hier, par exemple au Bazar de l’Hôtel de Ville, mais pas seulement. Et j’ai du mal à croire qu’on ne fait pas la même chose à Marseille, Lyon, Toulouse ou Lille)
Je pense que le ministère des finances devrait appliquer ce truc : proclamer sur les ondes que vous bénéficierez d’une substantielle réduction d’impôts, merci monsieur le ministre, mais on ne vous révèlerait à aucun moment le montant de votre « contribution » – puisque c’est ainsi que cela s’appelle. Comme disent les djeunz, ce serait génial, non ?