De plaquettes
La semaine dernière, j’ai rencontré une hématologue, une gentille dame de 68 ans que je connaissais déjà, et nous avons parlé de mon taux de plaquettes, qui s’est effondré depuis que des confrères bien intentionnés m’ont prescrit, après mon opération du foie en février, un traitement aux anticoagulants (trente injections, à raison d’une piqûre par jour). Au cas extraordinaire où vous ne seriez pas agrégés de médecine, sachez que les plaquettes sont un composant du sang, chargés de freiner la coagulation du sang en cas d’hémorragie (normal, ne parle-t-on pas de « plaquettes de frein » ?).
Cette dame, donc, m’a conseillé de manger de la viande, ce qui tombe mal, attendu que j’ai cessé d’en manger depuis un lustre. « Mais n’aimez-vous pas le boudin ? », m’a-t-elle demandé. Certes, certes, il m’est arrivé de manger du boudin, mais on n’en trouve plus que farci aux oignons, ce que je déteste. J’ai donc reconnu que je préfèrerais être moi-même transformé en boudin, ou passer mes soirées EN boîte en compagnie d’un boudin, plutôt que d’ingérer cette ignominie. Serviable, elle m’a conseillé d’aller voir dans les magasins Naturalia, qui, selon elle, vendaient encore du boudin SANS oignons. J’ai vérifié sur Internet, trouvé trois magasins Naturalia pas très loin de chez moi, et les ai visités tous les trois. Les deux premiers ne vendaient pas de boudin, le troisième en vendait, mais, vous l’avez deviné, farci aux oignons. Bien, me suis-je dit, encore un tuyau crevé, l’audience est levée : pas plus de boudin sans oignons que de talent, de voix et de poitrine chez Jane Birkin. J’abandonne. Que mes plaquettes s’effondrent comme la croissance économique du pays, je reviens à mon alimentation habituelle, sans viande.
(Je suis très fier de cet article, où j’ai réussi à faire se côtoyer le boudin et Jane Birkin, quoique ce n’était pas le but initial. Demain, je citerai pêle-mêle le foie gras et Léa Saindoux)