Fichez la paix à Morandini !
Je n’ai jamais rencontré Jean-Marc Morandini, et le seul rapport que j’ai eu avec lui a été cette lettre que je lui avait envoyée, au lendemain d’une de ses émissions sur Télé-Poubelle, la seule que j’ai jamais regardée. J’avais raté un détail d’un reportage qu’il avait diffusé, lui avais demandé une précision, et avais reçu sa réponse par lettre le surlendemain. Lui, au moins, était courtois et obligeant.
Aujourd’hui, tout le monde lui tombe dessus. Pas parce que c’est un mauvais journaliste, surtout intéressé par les ragots concernant des gens connus, ce qu’on sait depuis des années. Mais parce qu’on lui reproche d’avoir dragué des mineurs en leur faisant miroiter un passage dans ses émissions de télévision. Ce qui semble un peu fort, attendu que, d’une part, tout le monde sait que Morandini a le goût des jeunes hommes (et il est loin d’être le seul dans son milieu, je pourrais citer des dizaines de noms), et, d’autre part, que la majorité sexuelle en France a été fixée à quinze ans sous le septennat de Mitterrand, or à cet âge on a quelques notions de ce qu’est l’homosexualité. Les plaignants savaient donc par avance à quoi ils devaient s’attendre, et on peut supposer que se poser en victimes, des mois ou des années après les faits, fleure bon le désir de toucher une petite indemnité rétrospective, quoique tardive.
Bref, Morandini, pour lequel je souligne que je n’ai aucune sympathie, n’a rien fait d’illégal, il n’y a pas matière à poursuites judiciaires, et faire grève pour lui interdire de travailler est parfaitement stupide. Que, sur le plan humain, ce ne soit pas un personnage très intéressant, c’est possible, mais la loi ne punit pas les comportements sexuels, sauf cas de viols. Sinon, Strauss-Kahn n’aurait pas bénéficié d’un non-lieu dans ses affaires lilloises. Qu’on expédie en taule un prêtre catholique qui a violé un enfant à lui confié par une famille naïve, ou l’archevêque qui savait tout et n’a rien fait, c’est justice. Mais qu’on fiche la paix à un homme qui n’a fait que vouloir profiter d’une bonne occasion quand la « victime » a fait le premier pas. Il n’a pas fait plus que les clients des prostituées auxquels on colle une amende pour avoir répondu à une offre de transaction à caractère copulatoire.