V.O. contre V.F.
Après la diffusion sur Canal Plus des deux premiers épisodes de The young pope, on ne trouvait en téléchargement (illégal) que la version doublée en français, qui m’avait fait assez mauvaise impression. Le ou les traducteurs ne sont pas mentionnés au générique, et ça vaut mieux, car ce sont des brêles. Voir plus loin.
Heureusement, j’ai pu trouver hier la version originale de ces deux premiers épisodes, de source probablement allemande puisque les annonces finales sont en allemand. Les sous-titres en français respectent fidèlement le dialogue en italien et en anglais, et les deux traductrices, Charlotte Laumond pour l’épisode 1 et Géraldine Le Pelletier pour le suivant, n’ont pas ressenti le besoin d’étaler leurs habitudes langagières et ont respecté le texte à la lettre. On n’a donc pas lu que le pape disait qu’au Vatican on doit bosser, et que Dieu était le médoc idéal.
Les dialogues de la version doublée en français, eux, étaient lamentables et traduisaient l’inculture des traducteurs. Ainsi à plusieurs reprises, on a entendu un personnage donnant au pape du « SA Sainteté », ce qui est une offense, à la fois au protocole et à la syntaxe. Parler ainsi au pape sous-entendait donc qu’il y avait au Vatican une autre sainteté ? (Oui, je sais, en ce moment, il y en a bien deux, mais c’est un cas spécial)
Rappelons à ceux qui n’étaient pas là que lorsqu’on parle au pape, la SEULE façon de l’interpeller est de lui dire « Très saint père » (sans majuscules ni tiret, si on l’écrit). C’est sans doute un peu lèche-bottes, mais cela ne trahit pas la langue.
À part cela, on voit un pape assez surprenant, qui, dans l’épisode 2, envoie bouler la directrice de communication désireuse de mettre en vente des produits dérivés (assiettes et autres) à l’effigie du pontifex. Or, contrairement à tous ses prédécesseurs, et notamment cet histrion de foire qu’était Jean-Paul II, qui montrait partout sa tronche, Pie XIII refuse d’être filmé ou photographié, et, lors de son premier discours en public, ne se laisse éclairer qu’en contre-jour, apparaissant ainsi en ombre chinoise. Et, aux manifestants qui lui crient de montrer son visage, il martèle que, pour cela, il les méprise !
On aimerait voir et entendre cela un jour, et en vrai. (Pas seulement au Vatican !)