Abrégeons, abrégeons !
Le Petit Journal naguère, Quotidien aujourd’hui, sont illustrés par une séquence dans laquelle on ridiculise les hommes politiques qui, invités à la radio ou à la télé, emploient des mots un peu recherchés. Or Barthès et ses équipe ont opté pour le style djeunz, et caressent dans le sens du poil ceux dont le vocabulaire se réduit à une trentaine de mots, de préférence tronqués parce qu’il faut faire vite, merde quoi ! Mais, pratiquement, TOUS les médias se sont convertis à la cancritude, pour ne pas perdre trop de public : visons bas, on rassemblera davantage. Si bien que même les gens raisonnablement cultivés se laissent gagner par la démagogie et amputent les termes usuels de leurs syllabes superflues.
Ainsi, aujourd’hui, on a entendu Nagui, sur France Inter, raccourcir en « sports co » le nom des sports collectifs : on gagne deux syllabes sur quatre, c’est toujours ça d’économisé. Et hier, à mon grand bonheur, j’ai appris, par un article de « Marianne », que les politiques en campagne électorale ne parlent plus de circonscription, ils ont remplacé le mot par « circo ». Mais je me trompe peut-être : possible que ces braves gens, tout comme moi, sont des passionnés de l’Histoire romaine et songent au Circo Massimo, la plus grande arène construite à Rome et dans le monde. Pensez à la course de chars dans Ben-Hur, bien que celle-ci ne soit pas située à Rome, mais à Antioche.