Cohorte de fêtards
Un de ces sondages dont nous apprécions tous l’infaillibilité, surtout en période d’élections, nous a révélé hier matin que neuf Français sur dix ont l’intention de se goberger, et surtout de boire, au cours du réveillon de ce soir. Il faut croire que j’ai été – je ne sais trop quand et bien malgré moi – exclu de cette cohorte fêtarde qui aurait tant plu à Philippe Muray, attendu que :
① Je ne mange pas d’animaux vivants, donc les huîtres devront se résigner à être gobées ailleurs que chez moi.
② Je ne mange pas d’animaux qu’on a torturés pour les rendre malades, afin de leur bouffer le foie, donc les canards ne me donneront pas le leur, gras ou pas, ni les femelles esturgeons, leur œufs (au fait, vous aimez le caviar de Tétrochian ?).
③ De toute façon, la chair des dindes est insipide et doit vous donner l’impression de mâcher du carton (rôti plutôt que bouilli, mais quelle différence ?).
④ J’ai ouï-dire que seule la pintade était digne d’être dégustée, mais on n’en trouve plus, la dernière ayant été mise à la broche afin de fêter l’orée du troisième millénaire.
⑤ Je ne bois aucun alcool, n’en ai pas une goutte chez moi, et le dernier verre de vin que j’ai bu l’a été au début de septembre 2012, lors d’un déjeuner chez un ami (qui a cessé de l’être, mais ceci est une autre histoire).
Par conséquent, aucun de vous ne devra jouer pour moi les « capitaines de soirée », comme il faut dire. À lundi, si vous n’êtes pas, entre-temps, morts aux urgences ou dans un fossé.