Inceste, avant et après
Lorsque Dieu créa les deux premiers humains, Adam et Ève, ils étaient forcément parfaits, puisque, jusqu’à cette date, aucun accident génétique n’avait encore pu se produire. La Bible nous affirme d’ailleurs que tout ce que Dieu créa était « très bon » (Genèse, chapitre 1, verset 31). Leurs gènes étaient d’origine, si on peut dire. Et comme leurs premiers enfants en héritèrent, ils n’avaient eux-mêmes aucune tare. Impossible en effet que le fait d’avoir été expulsés du Paradis pour cause de désobéissance ait pu modifier le capital génétique des deux premiers humains !
Donc, Caïn, qui faisait partie de cette première génération, n’a reçu aucun gène imparfait. Pas davantage son malheureux frère Abel, ni les frères et sœurs qui suivirent, dont Seth, le troisième enfant, dont on ne parle pas beaucoup, qui naquit après le meurtre d’Abel par Caïn, qui vécut 912 ans, et eut un fils appelé Enosh. Il s’ensuit que Caïn et Seth, pour avoir des enfants (dont Enosh), ont bien dû épouser une de leurs sœurs, aucune d’entre elles n’étant nommée, conformément aux bonnes habitudes des divers auteurs de la Bible.
C’est qu’à ce stade, on ne trouve dans la Bible aucune interdiction du mariage entre frère et sœur. Il fallut attendre Moïse, environ 2500 ans plus tard, à en croire le texte sacré, pour voir apparaître les premières prohibitions, notamment celle de l’homosexualité : le peuple juif, peu nombreux, ne pouvait alors se permettre de gaspiller le précieux sperme dans, euh... n’importe quel vase. D’où cette qualification d’« abomination », encore utilisée de nos jours par quelques poignées d’arriérés mentaux. Ces prohibitions apparaissent dans le Lévitique, au chapitre 18, versets 1 à 20. En outre, il fallait protéger la société juive naissante et l’institution familiale, or tout le monde sait que les homosexuels sont « un danger pour la famille », les évêques nous le disent assez.
Et quoi de plus admirable, voire sublime, que la famille ?
(Oui, je sais, Jésus n’avait pas beaucoup de considération pour Joseph et Marie. Il préférait traîner avec des voyous. Mon Dieu, j’en frémis)