Enjoliveurs contre abréviateurs

Publié le par Yves-André Samère

Vous connaissez peut-être la chaude affection que je porte à ceux que j’appelle « les enjoliveurs », c’est-à-dire à ceux qui, ne sachant se contenter des mots simples que tout le monde comprend (et utilise), n’ont de cesse d’en trouver d’autres, qui disent la même chose mais en plus compliqué. Si cela vous échappe, écrivez donc le mot enjoliveurs dans la boîte de recherches sur cette page, et picorez dans la liste des résultats.

Certains en concluraient que je suis un casse-pieds, un obsédé, et autres suppositions aimables.

Eh bien, figurez-vous que je viens de trouver en allié, en la personne de... Léonard de Vinci. Eh oui, je ne me refuse rien. Donc Leo, qui au passage ne s’est jamais appelé Vinci attendu que ce nom est celui du bled où il a vu le jour (après tout, l’acteur abidjanais qui travaille essentiellement aux États-Unis et se fait appeler Isaach de Bankolé a pris pour pseudo le nom de la petite ville de Bankolé qui se trouve au centre de la Côte d’Ivoire), et que, illégitime, il n’a jamais porté le nom de son père, un notaire du coin, Leo, donc, critiquait beaucoup ceux qu’il appelait les abréviateurs, c’est-à-dire les maniaques du raccourci en matière de connaissances. Tout comme les véritables savants, ce génie universel s’exprimait clairement, sans compliquer inutilement sa pensée, en dépit du fait qu’il était à la fois artiste peintre, théoricien, architecte, décorateur de théâtre, ingénieur, anatomiste, mathématicien, physicien, géographe, géologue, et j’en oublie certainement. Einstein faisait de même.

Dans tous ces domaines, il recherchait l’essence de la science partagée, ce caractère qui confère de la crédibilité à ses activités intellectuelles et pratiques. Pour lui, la science désignait un ensemble systématique de connaissances, vérifiées par l’expérience, et ses activités pratiques, considérées chez d’autres comme de simples métiers, peinture comprise, recelaient pour lui leurs propres théories. De sorte que, dans toutes ses activités, il remodelait la nature selon sa sensibilité personnelle, mais toujours de façon simple et naturelle. Par exemple, une réflexion sur la géométrie l’amenait à une réflexion sur le mouvement de l’eau, associant celui-ci aux boucles d’une chevelure, qui le conduisait à une autre sur les tourbillons de sang dans le cœur, puis à une autre sur les tourbillons du vent au sein d’une tempête, et ainsi de suite.

C’est très proche des vagabondages de la rêverie, mais le réel étant toujours présent et concret.

Nous sommes là plutôt éloignés des élucubrations de nos cuistres. Vous savez, ces crétins qui inventent des mots et expressions inutiles comme incontournable, bisounours, biopic, entreprenariat, groupe verbal, locution prépositionnelle, méprisance, mise en lumière, ostraciser, périssologie, toxicodépendant, turbuler, etc.

Et j’ai laissé de côté ceux qui ont une consonance anglosaxonne !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Un nouveau mot de notre brave Education Nationale, toujours en quête d'une réforme. Là, ça touche la grammaire, le "prédicat". J'ai pas tout compris ce que ça signifiait.
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Y
En gros, ce serait ce qui subsiste de la phrase quand on a enlevé... tout le reste. Au temps de mes études, on disait couramment que “la culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié”. Un mot vachement utile, par conséquent. Utile aux intellos qui grouillent dans les couloirs du ministère de l’Éducation nationale, et qui justifie leurs salaires. Ceux que Mao et Pol Pot auraient expédiés dans les champs de riz pour qu’enfin ils se mettent au travail.