Ceci est un texte présumé
Vous n’en avez pas jusque par-dessus la tête d’entendre et de lire que Théo Luhaka a été victime d’un viol PRÉSUMÉ ? Avec quoi ? Une matraque présumée ? Par un policier présumé ? Mais comme l’a dit Pablo Mira sur France Inter, le violeur est, lui, présumé innocent jusqu’à ce que la Justice enterre l’affaire.
Selon le Littré et en bon français, on présume quand on juge d’après certaines probabilités ; pas quand on a des certitudes. Ce qui m’autorise à écrire que les journalistes qui, craignant un procès, utilisent ce vocabulaire, ne sont pas des lâches présumés : eux sont authentiques !
Que risque-t-on à écrire la vérité ? Que risque-t-on à braver la loi sans commettre un délit caractérisé ? Des ennuis ? Mais cette audace a déjà été exercée dans d’autres circonstances. Je rappelle de temps en temps qu’en 2002, alors que la campagne électorale pour l’élection présidentielle battait son plein et que les émissions de radio-télé avaient l’obligation made in CSA de recevoir tous les candidats, Karl Zéro avait refusé de recevoir Le Pen dans son Vrai Journal. Lui, au moins, avait eu des tripes. Tous les autres journalistes, qui n’avaient pas eu ce courage, étaient de pitoyables dégonflés, tremblant pour leur statut de bavasseurs intouchables. Se concerter entre plumitifs et former un mouvement de masse pour boycotter le chef des fachos aurait pu contribuer à faire sauter ce règlement idiot. Mais la solidarité, dans le milieu journalistique où règne le chacun-pour-soi et le je-tiens-à-mon-scoop, ne tient jamais longtemps, on l’a vu en 1991 quand la résolution de la corporation de ne plus rendre compte des activités de Le Pen n’a tenu que quelques semaines.
(J’ai utilisé plus haut le mot tripe, parce que la pauvreté de mon vocabulaire ne m’a permis de trouver un autre terme plus fort)