Réhabilitons Cahuzac !
Apparemment, personne dans les médias n’a eu cette idée un peu iconoclaste. Mais comme je n’ai rien à perdre, sinon peut-être quelques abonnés grincheux dont je me fiche bien, je vous la soumets : n’a-t-on pas été un peu sévère avec Jérôme Cahuzac ?
Voilà un homme, un ministre qui, mis au ban de la société, sert aujourd’hui de maître-étalon pour désigner les canailles, pas vraiment absentes dans ce pays. Or, qu’avait-il fait, en réalité ? Il avait :
① dissimulé un compte bancaire, d’abord en Suisse, puis à Singapour ;
② prétendu, face à Hollande et « les yeux dans les yeux », ne pas en avoir.
Donc, un mensonge, précédé d’une omission, qui n’est certes pas la première commise par un homme politique. On n’a pas oublié que Chirac, maire de Paris, avait promis de se baigner dans la Seine, ou que De Gaulle, terminant un discours à Mostaganem le 6 juin 1958, avait clamé « Vive l’Algérie française ! ». Et ce ne sont que deux exemples choisis aux deux extrêmes, parmi des centaines d’autres.
Je sais, je sais, aux États-Unis, mentir, pour un homme politique, c’est un cas pendable, et c’est pour avoir menti, pas pour avoir fait espionner le Parti Démocrate, que Nixon a été « empêché », comme on dit là-bas – où la peur des mots est pire que chez nous (à la télé, vous pouvez montrer des gens qui s’étripent, mais pas des gens qui disent Fuck, et tous les gros mots sont couverts par un bip).
Or, aujourd’hui, nous pouvons admirer les magouilles et les mensonges dans lesquels se débat et s’empêtre un ancien Premier ministre qui prétendait devenir chef de l’État, alors que, des années durant, il a tapé dans la caisse, donc dans NOTRE argent, pour arrondir ses fins de mois. Qui est le plus pourri, celui qui vole, ou celui qui a dissimulé un argent qu’il avait gagné par son travail de chirurgien ?
(Zut, encore douze abonnés qui se barrent)