Décrivez Hollywood en une page

Publié le par Yves-André Samère

– Papa, c’est quoi, Hollywood ?

– D’abord, espèce de petit sagouin, je te prierai de ne pas massacrer la langue de ton vénéré père, alias moi-même, en débagoulant des « C’est quoi ? » à longueur de journée. Non mais, c’est quoi, ce « C’est quoi ? », à ton avis ? Ensuite, faisant preuve de magnanimité, je te dirai de ne plus croire aux balivernes imprimées par les journaux – feuilles de choux certes mieux écrites que la présente page, comme je viens de le démontrer, mais que je t’interdis de lire si tu ne veux pas perdre ton âme d’enfant –, dont les rédacteurs écrivent n’importe quoi. Ces esprits naïfs et ces idéalistes (c’est souvent la même chose) qui y scribouillent sans même songer à mériter leur salaire, ceux-là racontent couramment qu’Hollywood est une usine à rêves, un endroit où se fabriquent les plus beaux films du monde. En fait, pas du tout.

Hollywood est une capitale de la spéculation financiaro-industrielle. C’est là que siègent les patrons du plus gros bizness jamais inventé dans l’histoire humaine, dont le rôle est tout simple : engager des talents, dans toutes les spécialités, afin de leur faire fabriquer des produits pour le moins d’argent possible – disons, au forfait, et le mot est bien choisi. Ces produits devront ensuite être déclinés sous des formes aussi variées que possible, et de préférence ad vitam aeternam. Et ces hommes d’affaires dont je parlais il y a un instant escomptent surtout que le produit fini continuera de se vendre bien après que tous ceux qui ont participé à sa création seront morts et enterrés.

Prends par exemple, mon enfant, Autant en emporte le vent. Ce film, sorti en 1939 (il y a donc soixante-dix-huit ans !), et dont tous les participants, acteurs, techniciens, réalisateurs (au pluriel), sont morts – à l’exception d’une actrice, Olivia de Havilland, qui vit toujours, elle a eu cent ans le 1er juillet dernier –, ce produit, donc, continue d’être vu par des spectateurs dont les parents n’étaient même pas nés lors de sa fabrication, et qui le visionnent sur des supports dont on était incapable d’imaginer, à l’époque, qu’ils existeraient un jour. Pense à la cassette VHS, pense au laserdisc, pense au DVD, pense au Bluray. Et pense, mon fils, à te brosser les dents, ce n’est pas superflu non plus, ou Tara de mes nouvelles. Autant en emporte le vent, la réussite est à la fois exemplaire et totale ! Tous les créateurs ont disparus, mais le produit continue de rapporter de l’argent. Le rêve…

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

C
Revu aussi « Madame de... » avec toujours autant de plaisir .
Répondre
C
N'oublions pas Mademoiselle Darrieux qui aura 100 ans le 1 mai ; j'espère de vous quelque chose !
Répondre
Y
Je comptais bien écrire un petit quelque chose. Et j’ai revu aujourd’hui l’un de ses meilleurs films, « Madame de... », de Max Ophüls.