Quand Bouteiller s’emmêlait les pieds

Publié le par Yves-André Samère

Il y a trois jours, j’ai raconté que j’avais eu l’intention d’écrire à Pierre Bouteiller pour lui signaler une erreur de chronologie commise dans Radioactif, son livre de souvenirs, mais que, remettant sans cesse au lendemain, j’avais manqué cette occasion. Cette erreur concernait Le masque et la plume, l’émission de France Inter, et voici en quoi elle consistait.

Bouteiller rapporte que Mitterrand ayant nommé ambassadeur en Scandinavie le co-créateur et producteur de cette émission, François-Régis Bastide, ce dernier insista pour avoir Bouteiller comme successeur, ce qui fut fait en 1982, et que lui, Bouteiller, resta à la tête de l’émission jusqu’en 1989. Jusque là, rien à dire, c’est incontestable. Mais il commet l’erreur d’écrire, à la page 86 de son livre autobiographique, que jusqu’à cette date, « on y traitait alors exclusivement de théâtre et de littérature », et ajoute un peu plus loin « J’étendis le domaine du “Masque” au cinéma et engageai de nouveaux critiques », qu’il nomme : Gérard Lefort, Jacques Siclier, Guy Dumur, Odile Grand et Brigitte Salino. Donc, avant Bouteiller et selon lui, on ne parlait pas de cinéma sur France Inter. Et là, rien ne va plus !

Il existe de nombreux documents, écrits et sonores (dont deux cassettes audio éditées par Radio France, et un livre publié en septembre 2011, C’était Bory, de Daniel Garcia et Janine Marc-Pezet, accompagné d’un CD), prouvant surabondamment que le cinéma faisait partie des rubriques de l’émission bien auparavant, et que Jean-Louis Bory polémiquait avec son ami Georges Charensol à propos des films qui sortaient – c’était même ce qui faisait le succès de l’émission. Or Bory s’est suicidé le 12 juin 1979, et Bouteiller ne l’a donc jamais rencontré en tant que chroniqueur de cinéma dans Le masque et la plume ! Même s’il l’a connu ailleurs.

Je ne comprends pas comment, sur un détail factuel aussi connu et incontestable, Bouteiller a pu s’emmêler à ce point les pinceaux. J’imagine que d’autres que moi lui en ont fait la remarque.

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