Le prénom de Jules

Publié le par Yves-André Samère

– Chers élèves avides d’apprendre, je compte aujourd’hui vous dire quelques mots à propos de Jules César...

– Waaaâah, je dors déjà !

– Élève Séguédille, on vous dispense de vos commentaires. Continuez plutôt ce que vous faites de mieux : dormir sur le radiateur. Quant aux autres, je vais commencer par une question très simple : savez-vous quel était le prénom de Jules César ?

– Waaaaâh, fastoche, m’sieur ! Vous nous prenez pour des brêles ?

– Non, mais répondez toujours.

– Ben, m’sieur, c’est comme si vous nous demandiez quelle était la couleur du cheval blanc d’Henri IV. Il s’appelait Jules, évidemment !

– Vous croyez ?

– J’en suis sûr, m’sieur, à la télé, j’ai vu l’film avec cette vieille vedette qui jouait la reine d’Égypte, j’ai oublié son nom ! Le type qui jouait Jules avait un nom de chien, j’m’rappelle plus lequel.

– Oui, lui se prénommait Rex, mais ça ne nous dit pas quel était le prénom de Jules César.

– Jules, j’vous ai dit, tout le monde sait ça.

– Eh bien, tout le monde se trompe. Le véritable nom complet de Jules César était Caius Julius Caesar, qui d’ailleurs se prononçait « Ca-iousse Iou-liousse Ka-é-çar ». Donc son prénom était Caius, l’un des très peu nombreux prénoms romains, qui ne sortaient que rarement des trois usités alors, Caius, Marcus et Lucius (prononcez « Lou-kiousse », s’il vous plaît).

– Mais alors, et Jules ?

– C’était son nom de famille, tout simplement, et on l’écrivait IVLIVS, car les lettres J et U étaient absentes de l’alphabet romain jusqu’au seizième siècle (pas de Z non plus, ni de W). Du reste, comme les noms féminins n’existaient pas, sa fille s’appelait Julia.

– Et César, alors ?

– C’était son surnom. Comme les noms romains étaient aussi peu nombreux que les prénoms, chacun avait un surnom servant à distinguer les homonymes. Caesar signifiait éléphant, on ne sait trop pourquoi il est resté. Mais il y a eu pire : le surnom de Caligula venait de caliga, le nom d’une chaussure militaire qu’il portait dès l’enfance. Un peu comme si Sarkozy s’était appelé Talonetto ! Demain, je vous parlerai d’Héliogabale, ça vous intéressera davantage, bande de petits vicieux obsédés sexuels !

Publié dans Mœurs, Culture, Social, Histoire, Cinéma

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