Les désagréments de l’hôpital

Publié le par Yves-André Samère

Le plus désagréable, à l’hôpital, c’est la nourriture et le bruit. Passons sur la nourriture, inutile que je vous fasse un dessin, et le bruit, j’en parle au paragraphe suivant. Précisons que le personnel soignant est inattaquable, car les infirmières, qui se paient des vacations de douze heures de suite, sont généralement angéliques et dévouées (je n’en ai connu qu’une, une Congolaise, qui m’a gratifié d’une remarque à caractère ethnique, et je ne lui ai plus adressé la parole), et certaines ne manquent pas d’humour, ce qui permet d’échanger avec elles des plaisanteries qui vous soutiennent le moral.

Le bruit, lui, est causé par les appareils de surveillance, soit dans votre chambre, soit dans les chambres voisines, où les bips retentissent à longueur de journée (et de nuit, d’où l’utilité des somnifères, qu’on vous donne vers dix heures du soir). Mais il y a aussi les compagnons de chambre, qui vous importunent par leurs conversations insipides avec les sacro-saintes familles, lesquelles s’incrustent des heures durant, et par la télévision, dont ces blaireaux ne savent pas se passer ! Croyez-vous qu’ils regardent Arte ou France 5 ? Non, c’est invariablement TF1 ou BFM-TV, deux télés-poubelles de la plus belle eau. Un de ces crétins l’avait allumée à huit heures du matin et ne l’a éteinte qu’à dix heures du soir. Si bien que j’avais demandé des boules Quiès à une de mes infirmières, qui, n’en ayant pas trouvé à son étage, était allée en réclamer dans un autre service. J’ai reçu le cadeau comme un évêque reçoit son chapeau de cardinal.

Autre genre d’imbécile, ce type qui a partagé ma chambre les deux dernières nuits. Comme il avait été opéré et devait l’être à nouveau, il lui fallait une perfusion, or ce gars était terrifié par les piqûres (a-t-on idée !). D’où cette scène de Grand Guignol à laquelle j’ai assisté en me tordant de rire : chaque fois qu’une des SIX infirmières, qui tentaient à tour de rôle de la lui poser, s’approchait de lui, il poussait des hurlements, croyant que le doigt d’une des filles venant d’effleurer son bras était une aiguille acérée. Cette cérémonie a duré une bonne vingtaine de minutes, à l’issue desquelles j’ai échangé avec Edwige, mon infirmière préférée, un regard sarcastique.

Il faut dire que je ne crains pas du tout les piqûres, qu’on ressent à peine si on n’a aucune prévention. Mais c’est curieux, l’hôpital, on devient bête (les autres) ou méchant (moi).

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