Pierre Combescot

Publié le par Yves-André Samère

« Le Canard enchaîné » paru ce matin publie en page 7 une notice nécrologique plutôt succincte sur un de ses anciens rédacteurs, Pierre Combescot, dont on sent bien qu’il n’était pas très aimé au sein de la rédaction.

Ouvertement homosexuel, Combescot avait été engagé en 1986 au « Canard », parce qu’il était célèbre dans le monde littéraire, ayant remporté plusieurs prix flatteurs, dont le Goncourt. Or la rubrique qu’il avait choisi de tenir, l’opéra et la danse classique, n’était pas, comme il faut dire aujourd’hui, « dans l’ADN » de ce journal satirique, et n’avait guère valu de lecteurs supplémentaires au « Canard ». Si bien qu’au bout d’une dizaine d’années, il avait cessé d’y écrire sous le pseudonyme allusif de « Luc Décygnes » – allusion évidente au Lac des Cygnes de Tchaikovsky.

Cet engagement dans un journal qui fut très homophobe durant trois quarts de siècle était peut-être une tentative de faire oublier qu’auparavant, et sans qu’elle ait jamais été proclamée officiellement, cette homophobie avait été pratiquée par plusieurs rédacteurs à succès du « Canard », comme Dominique Durand, Pierre Châtelain-Tailhade ou l’auteur des échos de la célèbre page 2, et qu’ils y avaient fait de nombreuses victimes, comme Jean-Claude Brialy, José Artur, le député Rives-Henrys ou Albert de Monaco – pas encore prince régnant. Néanmoins, le journal continuait d’affirmer avec hauteur qu’il ne se mêlait JAMAIS de la vie privée des gens, ce qui était manifestement faux.

Mais enfin, de nos jours, les mœurs ont changé, et l’homophobie sournoise du « Canard »paraîtrait insupportable à beaucoup de ses lecteurs, qui n’approuvaient certainement pas cette orientation de leur journal favori. Mieux valait donc refermer cette page peu glorieuse, fût-ce en engageant un rédacteur qui n’intéressait pas grand-monde et ne mettait jamais les pieds aux bureaux de la rue Saint-Honoré.

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