QUI a décidé de légaliser l’IVG ?

Publié le par Yves-André Samère

Autant je méprise Giscard, autant je tire mon chapeau (c’est une image, car je n’en porte pas) devant Simone Veil, dont Macron vient de décider qu’elle serait inhumée au Panthéon – avec son mari toutefois, pour ne pas séparer le couple. Mais ce n’est pas une raison pour radoter sans arrêt, depuis quelques jours, que Simone Veil a pris l’initiative de faire fabriquer une loi autorisant l’avortement, jusque là interdit. Ce n’était pas non plus une loi d’inspiration féministe, car ce type d’engagement n’était pas le sien, et c’est Françoise Giroud qui avait inventé cette légende archi-fausse.

La vérité est que la loi sur l’IVG, comme on dit, a été voulue par Giscard seul. En mai 1974, nouvellement élu à la présidence de la République, il faisait des efforts terribles pour se concilier la gauche, et multipliait les réformes susceptibles de lui plaire : suppression de la censure cinématographique, abolition de la présentation de la carte d’identité dans les hôtels, instauration de la coutume (éphémère) d’aller dîner une fois par mois chez un citoyen français, invitation des éboueurs du quartier de l’Élysée à un petit déjeuner (l’idiot avait invité un tandem de musulmans et leur avait offert... une bouteille de champagne !), défilé du 14 juillet 1974 entre Bastille et République, puis sur le Cours de Vincennes l’année suivante, majorité abaissée à dix-huit ans, affectation de simplicité (il avait descendu à pied les Champs-Éysées le jour de sa prise de fonctions), et j’en oublie sans doute. Mais son coup le plus fumant a bien été de décider, seul, que l’avortement serait légalisé.

Il serait donc juste de ne pas ôter de la liste sa seule initiative digne d’éloges. Le pauvre en a pris si peu !

Simone Veil a donc défendu, et très bien, une loi qui n’était pas la sienne.

(Tiens, si on mettait aussi Giscard au Panthéon ?)

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Je crois aussi que Lecanuet était contre la légalisation de l'avortement qui en plus lui aurait fait perdre des électeurs, comme il était contre l'abolition de la peine de mort. Un humaniste, quoi.
Répondre
B
Très bien ! Rendons à César, etc. Le mérite de Simone Veil est d'autant plus grand qu'une telle loi aurait dû être présentée par le Garde des Sceaux (Jean L.) et pas par la Ministre de la santé, laquelle s'en acquitta avec une élévation morale qui suscite un grand respect.
Répondre
Y
Tout à fait exact. Mais Lecanuet, ce salopard qui a approuvé l’exécution de Christian Ranucci, ne voulait pas déplaire à son électorat centriste. Il a donc refusé de présenter cette loi. Les femmes pouvaient bien crever, si cette lavette conservait ses électeurs. Giscard s’est donc retourné vers Simone Veil, qui a dû présenter la loi sociale comme une mesure urgente de santé.