Au cinéma, « Ça »
Il y a dix jours est sorti en salles un film d’un certain Andy Muschietti, que je ne connais pas, qui est un obscur réalisateur argentin prénommé Andres, et qui n’avait fait auparavant qu’un film en 2013, Mama, vu en France une seule fois dans un festival de films fantastiques, précédé en 2008 d’un court métrage du même titre et de la même farine. Ce film de 2017 est adapté d’un roman de Stephen King, It, et il porte le même titre (en français, Ça). Il faut préciser que ce roman a été déjà écranisé en 1990, en deux épisodes pour la télévision, d’une durée totale de trois heures et douze minutes, que l’avais vu et qui m’avait paru aussi insipide qu’un discours de Fidel Castro ou d’Édouard Philippe (si vous ne connaissez pas Édouard Philippe, rassurez-vous, car vous n’êtes pas le seul). Pour comble, il ne s’agit que du premier épisode, et une suite est prévue pour l’année prochaine.
En revanche, vous connaissez certainement Stephen King, car ce romancier très productif, bien que mauvais, publie énormément, une soixantaine de romans et environ deux cents nouvelles, et la plupart de ses œuvres ont été adaptées au cinéma, à commencer par le premier, Carrie (une histoire où une jeune fille qui a ses règles pour la première fois se croit possédée du Diable, parce que sa propre mère est du genre fanatique religieux. J’ai trouvé ce film passablement stupide, mais les amateurs en sont fous parce qu’on y voit beaucoup de sang – évidemment). J’ai vu de nombreux autres films et téléfilms tirés de ses livres, Les enfants de Salem, The shining (un téléfilm, et une adaptation par Kubrick, que King a détesté), The dead zone, Christine, Simetierre, Misery, Dolores Clayborne, La ligne verte, Under the dome, Un élève doué et Stand by me (adaptés de deux des nouvelles de Différentes saisons, dont seuls Misery et Stand by me surnagent, le premier étant joué par la grande Kathy Bates).
King a deux caractéristiques, qui en font un mauvais romancier : et d’une, ses livres, dont It, sont trois fois trop longs, et j’ai fini par abandonner Docteur Sleep, la suite de Shining, une histoire fumeuse de morts-vivants qui cannibalisent les vivants. Et de deux, il ne peut s’empêcher de rajouter des personnages, et en quantité, au fil du récit, comme dans les mauvais feuilletons télévisés. Le résultat est que le lecteur s’y perd, ne sait plus qui est qui et qui fait quoi, et s’ennuie « comme un croûton de pain derrière une malle », ainsi que disent les amateurs d’argot quand ils écoutent un discours d’Édouard Philippe.
Il est donc peu probable que j’irai voir la dernière version de It au cinéma, et je ne vous pousserai pas non plus à faire le déplacement.