Le président Cellezésseu

Publié le par Yves-André Samère

C’est De Gaulle qui avait inventé de commencer ses allocutions télévisées par « Françaises, Français ». Rendons-lui cette justice qu’il n’exagérait pas, et ne se serait jamais permis de radoter cette expression une demi-douzaine de fois par discours, voire par minute.

Mais les présidents se suivent et ne se ressemblent pas. Or son très lointain successeur, qui n’était même pas né au moment où De Gaulle est mort (en 1970, je le rappelle aux distraits), s’est cru autorisé, hier en Grèce, à flinguer certaines catégories de rivaux politiques (en tout cas, on pense que c’est eux qu’il visait) en les qualifiant de « fainéants ». Cette apostrophe a beaucoup déplu, et on a critiqué de toute part cette façon de critiquer les Français depuis un pays étranger, ce qui ne se fait jamais quand on est président de la France.

Des journalistes ont donc interrogé Macron, qui a fait répondre par ses nombreux porte-coton qu’en fait, il avait voulu fustiger des gens qui n’avaient rien fait depuis vingt ou trente ans. Ce genre de riposte a fait l’objet d’un de ces éléments de langage qui ont fleuri dans le monde politique depuis aussi longtemps, et certains ont même précisé : Macron visait Mélenchon, ou Marine Le Pen, voire Chirac, Sarkozy ou Hollande.

L’embêtant, pour ce paltoquet, est que le verbatim de sa déclaration a été publié, et que certains journalistes, comme Yann Barthès, ont épluché le texte, afin de trouver à quel moment Macron avait parlé de cette période des vingt ou trente ans, et quand il avait cité les personnages cités par ses valets. Réponse : nulle part. Pas la moindre mention de Hollande, Sarkozy, Chirac, Mélenchon ou Marine Le Pen. Autrement dit, tous ces porteurs de gilets rayés ont menti. Et on ne saura pas qui était visé.

Ce doit être ça, la fameuse « transformation » de la politique.

Pour ne rien arranger, la réponse de Macron aux journalistes, que j’ai bien écoutée, et qui a duré environ une minute, a comporté CINQ FOIS l’expression « celles et ceux », dont je n’ai pas besoin de souligner l’horripilant et insistant mauvais goût (ce doit être de la poudre de perlimpinpin). Je vous renvoie à Pierre Desproges, qui condamnait déjà cet attentat à la syntaxe française en novembre 1982. Bref, Macron ne sait pas s’exprimer, sinon comme un démagogue.

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