Un gars, une garce ; un garçon, une garçonne
On commence à parler de cette invention mirifique (je veux dire idiote), l’écriture inclusive [sic], due à une agence de communication, Mots-Clés. Les membres de cette agence espèrent que leur trouvaille sera adoptée un peu partout, et, en effet, quelques sites appartenant à des journaux sur Internet ont déjà franchi le pas.
Le but est d’une simplicité évangélique, comme disait naguère Jérôme Bonaldi : il s’agit de modifier l’orthographe de TOUS les noms qui peuvent être, soit du masculin, soit du féminin ; et donc, d’éliminer la primauté du masculin, afin de lutter contre les inégalités entre les hommes et les femmes [re-sic], en adoptant une écriture « non sexiste » [re-re-sic]. Et cela, par un emploi judicieux du point.
Mais je sens que vous brûlez d’avoir un exemple. Voici donc : n’écrivez plus et ne dites plus, comme Macron, « celles et ceux », et surtout, ne dites plus jamais « ceux » pour désigner les deux sexes, scélératesse qui persiste depuis quelques siècles. Non ! Écrivez « ceux·elles ». Et un manuel existe pour servir de mode d’emploi, dû à un certain Raphaël Haddad, docteur en sciences de l’information et de la communication. De même, vous n’avez plus « une amie et un ami », vous aurez désormais « un·e ami·e ».
Attention, ce point séparateur n’est pas le point que vous connaissez depuis toujours et qui sert à terminer une phrase. Il faudra adopter le « point médian », caractère qui n’existe sur aucune machine à écrire, aucun clavier, et que vous aurez du mal à distinguer de son confrère si vous écrivez à la main, car il ne doit pas reposer sur la ligne, mais flotter au-dessus. En revanche, il existe en HTML, et se note « · ». Votre ordinateur connaît...
C’est fou ce que notre vie va s’en trouver simplifiée !
(Je rappelle que les scorpions sexistes de l’Académie française sont unanimement hostiles à la mode de la féminisation forcenée, et avancent que la langue française ne dispose pas d’un suffixe unique permettant de féminiser automatiquement les noms. En outre, je me permets de faire remarquer que les noms, en général, sont précédés d’un article défini qui permet de faire la distinction. Et j’ajoute que la même manie est inapplicable dans l’armée, où l’on a des sentinelles, des estafettes et des ordonnances, autant de noms féminins qui désignent des hommes !)
Par chance, à l’école, la célèbre dictée est devenue maudite. En effet, il va devenir difficile de compter les fautes ! On a désormais une bonne raison de mettre la dictée à la poubelle. C’est la fête chez les cancres qui dorment sur le radiateur.